Un tome très attendu mais qui ne tient pas toutes ses promesses.
Voici Albino aux prises avec la flotte techno-techno, coincé devant une immense muraille d’astéroïdes qui le coupe d’une retraite sécurisée. Dans ces conditions, comment celui qui est devenu le maître des jeux va-t-il s’en sortir et réaliser son rêve ? Mais surtout, comment va-t-il gérer cette guerre spatiale, ce Jeu qui n’en est pas un tout en étant la quintessence-même à ses yeux ? Jusqu’à quels sacrifices devra-t-il aller pour atteindre son objectif ?
Albino continue ses tribulations, entrecoupées comme à chaque tome de flash-back ayant trait à son enfance. Seulement, si Alexandro Jorodowsky est un bon scénariste et que Zoran Janjetov maîtrise tout aussi bien sa partie, l’ensemble n’est pas palpitant. Cédant peut-être aux sirènes du capitalisme et d’une certaine facilité, la série traîne en longueur. Et ce qui devait être un épisode passionnant, plein de combats titanesques devient une histoire longue et plate, qui semble s’éterniser. Ainsi, à l’instar des premiers romans peu dirigés, quelques coupes franches auraient permis au scénario de conserver une vigueur et un intérêt bien plus sensibles. Ainsi, l’usuel flash-back est ici mal placé. Dommage ! Car à moins d’être un admirateur fini de la série, le lecteur beta n’arrive pas à se prendre au récit et le fameux Jeu prend des tournures de symbole mal exploité — à l’image d’un concept de pub éculé — et la trame souffre alors d’un sacré manque de densité !
Tout ceci est vraiment regrettable car nombres d’éléments sont réunis pour faire des Technopères un excellent récit. Seulement, au vu du traitement, on peut affirmer que seuls les afficionados d’Alexandro Jorodoswky y trouveront leur compte. Et ce, malgré les illustrations léchées de Zoran Janjetov, joliement rehaussées par la mise en couleur de Fred Beltran, qui font mouche et servent avec allure les propos du scénariste.
On peut ne pas le croire, pourtant il est plus difficile d’écrire une critique mauvaise qu’une élogieuse. Et c’est souvent en grinçant des dents qu’on le fait. C’est le cas pour celle-ci, qui en plus ! touche à une icône de la bande dessinée contemporaine. Malheureusement, et comme cela est arrivé à un autre grand incompris qu’est Enki Bilal, il y a des moments où les propos tenus vont trop loin et où l’abstraction est si poussée que le lecteur se retrouve dans ses derniers retranchements et se sent bête de ne pas comprendre… Alors, à qui la faute ? Au scénariste qui fait l’honneur de croire que tous ont ses capacités intellectuelles ou au lecteur, devenu paresseux à force de situations limpides explicitées chaque fois et surcommentées pour être sûr que rien ne sera mal compris ?
anabel delage
Alexandro Jorodowsky, Zoran Janjetov, Fred Beltran, Les Technopères — Tome 7 : “Le Jeu parfait”, Les Humanoïdes Associés, 2005, 48 p. — 12,60 €. |
||