Alexandro Jorodowsky, Zoran Janjetov, Fred Beltran, Les Technopères — Tome 7 : “Le Jeu parfait”

Un tome très attendu mais qui ne tient pas toutes ses promesses.

Voici Albino aux prises avec la flotte techno-techno, coincé devant une immense muraille d’astéroïdes qui le coupe d’une retraite sécu­ri­sée. Dans ces condi­tions, com­ment celui qui est devenu le maître des jeux va-t-il s’en sor­tir et réa­li­ser son rêve ? Mais sur­tout, com­ment va-t-il gérer cette guerre spa­tiale, ce Jeu qui n’en est pas un tout en étant la quintessence-même à ses yeux ? Jusqu’à quels sacri­fices devra-t-il aller pour atteindre son objectif ?

Albino conti­nue ses tri­bu­la­tions, entre­cou­pées comme à chaque tome de flash-back ayant trait à son enfance. Seule­ment, si Alexan­dro Joro­dowsky est un bon scé­na­riste et que Zoran Jan­je­tov maî­trise tout aussi bien sa par­tie, l’ensemble n’est pas pal­pi­tant. Cédant peut-être aux sirènes du capi­ta­lisme et d’une cer­taine faci­lité, la série traîne en lon­gueur. Et ce qui devait être un épi­sode pas­sion­nant, plein de com­bats tita­nesques devient une his­toire longue et plate, qui semble s’éterniser. Ainsi, à l’instar des pre­miers romans peu diri­gés, quelques coupes franches auraient per­mis au scé­na­rio de conser­ver une vigueur et un inté­rêt bien plus sen­sibles. Ainsi, l’usuel flash-back est ici mal placé. Dom­mage ! Car à moins d’être un admi­ra­teur fini de la série, le lec­teur beta n’arrive pas à se prendre au récit et le fameux Jeu prend des tour­nures de sym­bole mal exploité — à l’image d’un concept de pub éculé — et la trame souffre alors d’un sacré manque de densité !

Tout ceci est vrai­ment regret­table car nombres d’éléments sont réunis pour faire des Tech­no­pères un excellent récit. Seule­ment, au vu du trai­te­ment, on peut affir­mer que seuls les affi­cio­na­dos d’Alexandro Joro­doswky y trou­ve­ront leur compte. Et ce, mal­gré les illus­tra­tions léchées de Zoran Jan­je­tov, jolie­ment rehaus­sées par la mise en cou­leur de Fred Bel­tran, qui font mouche et servent avec allure les pro­pos du scénariste.

On peut ne pas le croire, pour­tant il est plus dif­fi­cile d’écrire une cri­tique mau­vaise qu’une élo­gieuse. Et c’est sou­vent en grin­çant des dents qu’on le fait. C’est le cas pour celle-ci, qui en plus ! touche à une icône de la bande des­si­née contem­po­raine. Mal­heu­reu­se­ment, et comme cela est arrivé à un autre grand incom­pris qu’est Enki Bilal, il y a des moments où les pro­pos tenus vont trop loin et où l’abstraction est si pous­sée que le lec­teur se retrouve dans ses der­niers retran­che­ments et se sent bête de ne pas com­prendre… Alors, à qui la faute ? Au scé­na­riste qui fait l’honneur de croire que tous ont ses capa­ci­tés intel­lec­tuelles ou au lec­teur, devenu pares­seux à force de situa­tions lim­pides expli­ci­tées chaque fois et sur­com­men­tées pour être sûr que rien ne sera mal compris ?

ana­bel delage

   
 

Alexan­dro Joro­dowsky, Zoran Jan­je­tov, Fred Bel­tran, Les Tech­no­pères — Tome 7 : “Le Jeu par­fait”, Les Huma­noïdes Asso­ciés, 2005, 48 p. — 12,60 €.

 
   

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée, Non classé

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>