Plus que jamais, dans notre monde contemporain, l’ordure borde la merveille ; René Pons y plonge afin de sauver ce qui peut l’être avant l’extinction des feux de la vie et son passage de la plénitude au néant. Qu’à cela ne tienne, semble penser le poète : il sait que l’écriture a encore quelque chose à dire afin de relever la tête et saisir la beauté au sein du chaos ou plutôt après qu’il ait eut lieu.
Poète apocalyptique de l’hybridation du monde par ce qui détruit le vivant, le poète affiche et concentre son action poétique autour d’un temps des renversements. La créations à dimension spectaculaire serait superfétatoire. Pons préfère utiliser un lyrisme justifié pour sa force de tremblement. Il sert de mobilisation face à l’irrémédiable.
Certes, le poète ne se prétend pas un dieu sauveur, triomphant de la mort annoncée de ce qui, jusque là, se nommait « platement » l’humanité. Mais sa voix se hisse face à tout ce qui est sacrifié au nom même d’une idée d’un prétendu salut.
Pons en appelle à un supplément d’âme face à un univers où l’intériorisation est niée au profit de forces obscures prêtes — sous couvert d’une Assomption — à nous dissoudre dans le chaos de gravats où l’homme marche déjà sans s’en rendre compte. Mais le poète, lui, met les pieds dedans.
jean-paul gavard-perret
René Pons, Gravats, dessins de Jacquie Barral, Editions Réalgar, 2018.
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