Gérard est envoyé chez sa mère à Tunis. Il vivait auparavant chez sa grand-mère, une femme portée sur la religion. Lorsqu’il arrive, il est accueilli par trois filles. Il va apprendre que ce sont sa sœur et ses deux cousines. C’est une manière d’explorer ou plutôt d’exploiter des fantasmes éculés. Les enfants savent tous que ce qu’ils font entre eux est mal, surtout ces relations entre cousins-cousines. Il y avait pourtant bien mieux à faire.
D’autant que l’auteur s’est piégé lui-même. La littérature hard-core entretient souvent à son corps défendant de tels glissements Le livre se veut résolument pornographique. Il remplit son contrat : peu est épargné eu égard à l’initiation du gamin par ses deux cousines douées en expertises (et pas seulement). Mais le gredin est surtout fasciné par sa mère. C’est elle qui révèle ses véritables désirs et plaisirs.
Bref, les deux filles sont comme les contours d’un inceste plus puissant là où cette mère par incidence — et bien plus — lui apprend ce qu’être objet du désir veut dire en étant autant esclave d’un homme que, surtout, d’elle-même. Et qui pourrait peut-être se guérir en osant un pas que les tabous suprêmes interdisent dans un espace qui reste balisé.
Il y avait pourtant là de quoi faire rougir Bataille lui-même. Mais, en dépit d’une écriture honnête, l’auteur ne va pas jusqu’à déchiffrer ce qui se cache sous diverses couches de souffre. Nul interstice vers le gouffre. Si bien que le roman reste en friches.
Sa propriété subversive de marge d’éros retombe dans l’expulsion classique des fantasmes convenus d’un vade-mecum érotique.
jean-paul gavard-perret
Esparbec, L’esclave de Monsieur Solal, La Musardine, Paris, 2018.
Beaucoup d’excitation à lire ce roman