Chacun a encore en mémoire Les Damnés de Visconti et l’épisode de « La nuit des longs couteaux ». Le réalisateur italien ne faisait que mettre en scène une question centrale : pourquoi les soldats de 3ème Reich aimaient se déguiser en femmes ? Ce ne sont pas les seuls et on a vu Renoir parodier les « parades » de troufions français qui se travestissaient de la même manière pour des fêtes de Noël plus équivoques qu’eux-mêmes le croyaient.
Existe là une plongée aux abysses de ce que la « virilité » cache. Ce n’est un secret pour personne que beaucoup de soldats comme de prêtres choisissent inconsciemment les métiers des armes ou du goupillon pour travestir et bétonner des jours tranquilles et leur homosexualité.
Le peintre et photographe Martin Dammann a fait de nombreuses recherches pour collationner des photos d’amateurs où les soldats se travestissent et ce, en apparente contradiction avec l’idéologie National-Socialiste. Mais cet ensemble montre comment certains désirs pointent et se traversent dans une confusion des genres. Cela fut le cas dans les cabarets de Berlin que le régime condamnait et que Portier de nuit ouvrit à une autre perception.
Tout un refoulé surgit dans ce livre. Il remet en place ce que le mythe phallique à la fois recouvre et dévoile.
jean-paul gavard-perret
Martin Dammann, Cross Dressing in the Third Reich’s Army : Soldier Studies, Hatje Cantz Verlag, 2018.