Dans son poème, Florence Jou cultive une fausse neutralité. S’y créent des intensités particulières et des forces de gravité selon une dynamique où la narration, dans son « objectivité », diffuse et joue d’éclatements. Ils demeurent volontairement décontextualisés.
L’artiste multiplie les effets de brouillage et de vibrations de celui qu’elle décrit de la manière suivante : « il visualise des points d’intensité dans son corps / il mémorise sur une chaise / odeurs / textures / densités /couleurs ». Bref, « il porte son corps ». Que pourrait-il faire d’autre ?
La soudure de l’être se découpe en fractions de sensations et de perceptions. Existe une sorte de sobriété là où le corps est entraîné à sa perte - même dans son absolu mutisme où les coupables ne sont pas les esprits mais l’homme lui-même. Passe-t-il à côté de sa vérité ? L ’auteure ne le dit pas. Elle souffle le froid plus que le chaud et rend sans doute dieu lui-même désespérable
Elle sait que - même s’il n’est pas divin — celui qui part ne revient jamais déjà avant sa fuite… Et Florence Jou, plutôt que de mimer sa « noce talgie » où la nausée abonde, plie les jours de colère et les range à « trois jours » d’elle. A savoir une éternité.
jean-paul gavard-perret
Florence Jou, C’est à trois jours, Derrière la salle de bains / Maison Sagoit, Rouen, 2018 — 5,00 €.
Excellent !
La richesse des mots de JPGP rendent magiques ses chroniques …
À déguster sans modération.