Pour Atul Dodiya, l’œuvre demeure l’espace mental propre à suggérer des scènes différentes de celles que la réalité propose. Elle doit donc posséder un caractère « théâtral » en ses pantomimes des esprits et ses « simulacres ». Certes, ce dernier terme se prête à bien des confusions. Ici, il devient l’opposé du stéréotype. Le seul sens « imitatif » qu’on peut lui accorder devient celui de l’actualisation de quelque chose d’incommunicable et d’irreprésentable.
D’où l’intérêt de The Fragrance of a Paper Rose où le simulacre prend une fonction d’exorcisme afin de mieux retourner les stéréotypes conventionnels du dicible et du montrable. Il devient donc la réponse aux schèmes normatifs qui conditionnent tout type de réceptivité là où, la place du rouge, le rose est mis.
Avec les éléments décomposés des stéréotypes et règles de représentation, il parvient à imposer des figures dégradées, morcelées, éparses et ironiques au moment où de possibles fantasmes sont vidés de leur contenu. Avec ses “Blacks Petals” face à la superstition réaliste, vériste ou naturaliste de l’art, Dodiya propose sa réplique post-surréaliste.
Sur le pan de murs dessinés, le peintre émet ce que Pierre Klossowski — nomma « une anatomie ». Le simulacre est donc susceptible de retraduire des équivalences au sein d’un formalisme qui sollicite chez le regardeur une double intelligence. Celle de l’incongruité de toute scène et celle de la façon de (se) la « représenter ».
Le regardeur peut alors devenir le complice de l’artiste. Le second n’a donc plus à prévenir le premier comme le fit Magritte avec son « Ceci n’est pas une pipe » puisqu’il l’aura déjà compris.
jean-paul gavard-perret
Atul Dodiya, The Fragrance of a Rose Paper, Galerie Templon, Rue Beaubours, Paris 3ème, du 27 octobre au 29 décembre 2018.