Nul ne sait si les modèles de Jacqueline Devreux se laissent adoucir ou apaiser. Chacune possède ses armes secrètes que l’artiste dévoile par ses peintures et photographies. Elle-même s’y insère. Elle devient ainsi reine parmi ses sirènes. Toutes provoquent l’étincelle qui met le feu. Les fées des songes, aux lèvres tendres dans les secrets de textiles qui deviennent fougères, fabriquent leurs pièges de louves.
L’artiste retient les courbes et les creux des silhouettes saisies en clair-obscur pour exciter le regard à la recherche du passage de l’interstice. La créatrice aime suggérer les étoffes où le corps se glisse et se cache. Ses œuvres sont de grands miroirs. Et ses doubles sentent parfois un souffle sur leur nuque ou leur poitrine offerte. Bref, les modèles n’ont qu’un geste à faire pour tirer des diables par la queue.
Mais tout reste néanmoins de l’ordre du songe. Celles qui semblent s’offrir à des amours de passage préfèrent le désir qui fascine au plaisir qui tue. Il tient pourtant ses assises en de telles prises. Mais pour de telles tentatrices ou prêtresses, leurs propres doigts suffisent pour appuyer sur leur chair. Ces phalanges malaxent une langueur. Un soupir remonte dans une tendresse. Le doux gémir s’affiche. Mais l’humour aussi.
Car Jacqueline Devreux s’amuse de ceux et celles qui deviennent des dupes de ses non dupes. Ces diablesses se déplient ou s’enroulent, lovées et creusée dans des jeux (dangereux ?). Elles y enterrent leur cœur lorsqu’il fait trop nu dehors. Et l’artiste (comme ses modèles) se demande : « Si j’ôte mon chemisier ‚que ferai-je de lui ? C’est pourquoi souvent les portraits « s’obliquent » — hermétique réservée. Souvent. Mais pas toujours.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Devreux, Galerie Christine Colon Liège, Belgique. Vernissage vendredi 26 octobre 2018.
Renseignements sur l’exposition:
Galerie Christine Colon, Liège
http://www.christinecolon.be/
Vernissage vendredi 26 octobre de 18 à 21h.
Exposition du 27/10 au 25/11/2018
Pour infos :christine.colon@skynet.be