Ignorant l’impossibilité de la représentation, Doisneau fait de ses photographie un excès théâtre express où il s’amuse comme un Tati aux images fixes. Celles-ci “font abstraction de certaines limites et forcent un sens à se définir dans sa lutte contre une forme de sérieux”. Le réel est là et bien là mais enjoué. De Boulogne à Menton, du Havre au Guilvinec, des Sables-d’Olonne à Saint-Tropez ça twiste entre touristes et marins.
C’est l’époque des trente glorieuses et la pollution est ignorée. Les marins d’eau douce (elle devient ici salée) jouent aux besoins les capitaines ad hoc ou les scaphandriers et les mangeuses de glace les stars aux paillettes de sable.
Celui qui se disait le “révolté du merveilleux” devient le bienveillant des foules estivales. L’ “Atelier Robert Doisneau” créé par les deux filles du photographe permet de sortir ces inédits titrés de 450 000 négatifs. S’y découvrent encore bien des plaisirs et des mystères aussi drôles que maritimes dans ce qui tient ici d’un reportage vintage et inédit.
jean-paul gavard-perret
Allons voir la mer avec Doisneau, éditions Glénat, 2018, 224 p.