Le 28e tome des aventures de Blueberry vient clore le cycle Mister Blueberry commencé il y a dix ans.
Mister Blueberry-Dust
Un livre devient un grand livre lorsqu’il traverse le siècle, annonce d’emblée Claude de Saint-Vincent, le PDG des éditions Dargaud, lors de la présentation du très attendu “Dust”, le dernier volume des aventures de Blueberry. Né en 1963, le cow-boy le plus mystérieux du Far West a en effet brillamment passé cette épreuve. Qui se souvient d’ailleurs du prix Goncourt de 1963 ?, interroge, histoire d’enfoncer le clou, le magnat de la bande dessinée.
La sortie de “Dust”, événement B.D. du printemps, met donc un point final au cycle “Mister Blueberry”, commencé voilà maintenant dix ans. Prévue dans un premier temps pour s’étendre sur trois albums, la série en a finalement occupé cinq… J’ai emprunté de nombreux chemins de traverses, s’excuserait presque Jean Giraud, le dessinateur - et le scénariste de Blueberry depuis la disparition de son co-créateur, Jean-Michel Charlier, en 1989. Un sixième album pour la série “Mister Blueberry” a même été un temps envisagé, mais la fin de ce cycle se concentre finalement dans l’unique “Dust”. Les fans du mythique cow-boy ne s’en plaindront pas : ce vingt-huitième opus comporte en effet pas moins de 68 superbes planches…
Les aventures de Mike Blueberry reprennent donc ici sur les chapeaux de roues, le 26 octobre 1881, à Tombstone, Arizona. Les Clanton et les Earp ont rendez-vous à OK Corral pour un règlement de comptes à coups de revolver qui deviendra le duel le plus célèbre de l’histoire de l’Ouest… Au même instant, Blueberry sauve Dorée Malone, celle qui l’a soigné durant sa convalescence, des griffes de Johnny Ringo, le tueur psychopathe. Donné pour mort il y a peu, le héros semble ici renaître de ses cendres, et achève de conter son histoire à Campbell, un écrivain venu de l’Est. Les multiples références aux épisodes précédents combleront sans doute les plus grands fans de la série, mais risquent néanmoins, en dépit de la beauté des dessins, de dérouter nombre de lecteurs profanes. Quoiqu’il en soit, Blueberry termine ici sa quête introspective, et se libère de son lourd passé.
Cette série de cinq albums, explique Jean Giraud, constitue en même temps une histoire et un sas entre le vieux et le nouveau Blueberry.
Ruiné… mais vivant !, s’exclame ainsi le héros à la fin de “Dust” : il se prépare désormais à reprendre le chemin de l’aventure, la vraie. Mais laquelle ? Là, le mieux reste de s’en remettre à Monsieur Jean Giraud en personne, alias Moebius :
Pour l’instant je n’en sais rien, la fin de ce cycle m’a plongé dans une sorte de gueule de bois créative, plaisante-t-il. Mais cette série ne m’oblige pas à respecter la chronologie. Blueberry peut très bien voyager dans le temps, voire dans l’espace : par exemple, une de ses prochaines aventures pourrait très bien se dérouler à Cuba…
Bref, de nombreuses surprises attendent sans doute les aficionados de Blueberry. Que demander de plus alors ? Ah oui, le prix Goncourt 1963 : Il s’agit d’Armand Lanoux, s’amuse Claude de Saint-Vincent…
NB - Les propos cites ont été tenus lors de la conférence de presse organisée par les éditions Dargaud le mardi 15 mars à l’occasion de la sortie du 28e volume des aventures de Blueberry.
charles dupire
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Jean Giraud, Blueberry — Tome 28 : “Dust”, Dargaud, 72 p. — 11,00 €. |