Dans le trivial, les miasmes s’allègent
Danièle Robert propose la seconde partie de sa traduction de la Divine Comédie. La montée vers le “Paradis” (qui sera la troisième étape) passe donc par l’épreuve du ” Purgatoire” : “c’est le Te deum qu’il me semblait entendre, dans la voix mêlée aux doux sons” (Chant IX) dit un accédant vers le divin. Néanmoins, celui-ci n’est pas encore donné. Le chemin est long. Le lieu espéré est à deviner comme l’est cette langue nouvelle (l’Italien) que Dante est en train d’inventer à travers le provençal, le toscan et le bas latin.
Reprenant la suite de Jacqueline Rissset, la nouvelle traductrice pousse plus loin ce que la première avait induit. Danièle Robert fait preuve à la fois de science, d’intelligence et d’intuition pour porter à l’état d’incandescence le rythme et la langue de ce texte majeur. Il n’est pas donné tel quel même si la traductrice permet au lecteur francophone une interprétation plus aisée de l’inventivité linguistique du poète, de sa puissance de franchissement et d’appel qu’induit le lieu même de la “purgatio”.
La traductrice prouve ainsi qu’il s’agit là d’une ère de transition et de transformation. Le tonnerre et les éclairs se mêlent encore au moment où les nuages s’ouvrent vers un bleu du ciel. Peu à peu, dans le trivial, les miasmes s’allègent. Une énergie s’empare des étapes : à l’enfermement de l’Enfer fait place une ouverture des espaces que le souffle du poète dilate.
jean-paul gavard-perret
Dante Alighieri, La Divine Comédie, Le Purgatoire, traduction, présentation et notes de Danièle Robert, édition bilingue, Actes Sud, 2018, 536 p. — 26,00 €.