Marc Jaguar et Peter Lavolige font route vers la Bretagne pour se remettre des émotions vécues dans l’épisode précédent Le Lac de l’Homme-mort. Peter aurait préféré aller à La Baule pour ses palaces, son casino… Sur la route, ils s’arrêtent pour un accident entre une quatre-chevaux et une camionnette. Le conducteur fautif propose de dédommager l’autre conducteur. Un homme, caché dans les fourrés près de la voiture, voit l’aubaine, prend une valise et s’éclipse. Dépité par ce qu’il voit, en l’ouvrant, il s’en débarrasse dans une mare. Marc propose de prévenir un dépanneur. Le fautif s’aperçoit qu’on lui a pris une valise et suspecte immédiatement Marc et Peter d’être les voleurs. Il décide, alors, de poursuivre sa route sans attendre, avec une autre valise. Arrivé dans un village après avoir fait du stop, il téléphone à ceux avec qui il avait rendez-vous pour expliquer la situation. Cardiaque, les émotions le terrassent.
Dans le bar, un homme est témoin de la scène. Il s’empare de la valise du mort et part chez son patron, la même personne à qui le moribond téléphonait, pensant pouvoir reprendre sa place dans la bande. Mais l’ouverture de la valise provoque chez son chef une colère noire. Il ne s’agit que d’effets personnels et non ce contenu tant attendu. C’est par la presse que les deux héros apprennent que le fautif travaillait pour la Défense nationale. Les deux amis se retrouvent dans le collimateur de la bande de malfrats, celle-ci en butte à diverses mafias et services secrets. Ils doivent alors faire face à un maelstrom de péripéties toutes plus risquées les unes que les autres…
Les sept premières pages de cette histoire sont parues fin 1956 dans Risque-Tout, un éphémère hebdomadaire des Éditions Dupuis. Une huitième avait été réalisée en noir et blanc. Durant des décennies, personne n’a pu savoir ce que contenait cette valise. Il n’est pas sûr que Maurice Tillieux, lui-même, en avait une idée précise. En effet, il travaillait à la façon des feuilletonistes, n’avançant son histoire que devant la page blanche. Alors que, bien des années après, pressé par des amis il avait accepté de continuer son histoire, la camarde l’a fauché. C’est donc, à partir de la planche 9, une œuvre imaginée par François Walthéry et Étienne Borgers et mis en image par Jean-Luc Delvaux.
On retrouve une action omniprésente que Maurice Tillieux savait si bien mettre en scène dans ses séries comme Gil Jourdan, une gouaille de Titi parisien, des jeux de mots, une bonne dose d’humour et une intrigue retorse où se mêlent nombre de services secrets, de mafias, de trafiquants de toutes natures et des financiers véreux. Mais en existe-il d’autres ?
Si le récit se déroule dans les années 1950, époque retenue dans les premières planches, le scénariste fait état de quelques vérités encore valables aujourd’hui avec le commerce des armes qui ne connait pas de crise, la drogue avec le trafic organisé par des truands qui rapporte aux financiers sans que ceux-ci se salissent les mains… Jean-Luc Delvaux assure un dessin digne de ses grands prédécesseurs avec une mise en page héritée de l’époque, des personnages et des décors en adéquation avec le scénario. Il se régale, semble-t-il, et nous régale avec le dessin de voitures anciennes, les vêtements et les accessoires utilisés.
En fin d’album, en deux pages, les scénaristes détaillent ce qui les a amenés à écrire la suite de l’histoire et les Éditions Dupuis complètent avec les fac-similés des huit planches originales.
Ce second tome des Aventures de Marc Jaguar est réjouissant et laisse espérer qu’il est le début d’une nouvelle série.
serge perraud
Maurice Tillieux, François Walthéry, Étienne Borgers (scénario), Jean-Luc Delvaux (dessin) & Béa Constant (couleurs), Une aventure de Marc Jaguar — t.2 : Les Camions du diable, Dupuis, octobre 2018, 80 p. – 17,50 €.