Maurice Tillieux, François Walthéry, Étienne Borgers & Jean-Luc Delvaux, Une aventure de Marc Jaguar — t.2 : “Les Camions du diable”

Une suite bienvenue 

Marc Jaguar et Peter Lavo­lige font route vers la Bre­tagne pour se remettre des émo­tions vécues dans l’épisode pré­cé­dent Le Lac de l’Homme-mort. Peter aurait pré­féré aller à La Baule pour ses palaces, son casino… Sur la route, ils s’arrêtent pour un acci­dent entre une quatre-chevaux et une camion­nette. Le conduc­teur fau­tif pro­pose de dédom­ma­ger l’autre conduc­teur. Un homme, caché dans les four­rés près de la voi­ture, voit l’aubaine, prend une valise et s’éclipse. Dépité par ce qu’il voit, en l’ouvrant, il s’en débar­rasse dans une mare. Marc pro­pose de pré­ve­nir un dépan­neur. Le fau­tif s’aperçoit qu’on lui a pris une valise et sus­pecte immé­dia­te­ment Marc et Peter d’être les voleurs. Il décide, alors, de pour­suivre sa route sans attendre, avec une autre valise. Arrivé dans un vil­lage après avoir fait du stop, il télé­phone à ceux avec qui il avait rendez-vous pour expli­quer la situa­tion. Car­diaque, les émo­tions le ter­rassent.
Dans le bar, un homme est témoin de la scène. Il s’empare de la valise du mort et part chez son patron, la même per­sonne à qui le mori­bond télé­pho­nait, pen­sant pou­voir reprendre sa place dans la bande. Mais l’ouverture de la valise pro­voque chez son chef une colère noire. Il ne s’agit que d’effets per­son­nels et non ce contenu tant attendu. C’est par la presse que les deux héros apprennent que le fau­tif tra­vaillait pour la Défense natio­nale. Les deux amis se retrouvent dans le col­li­ma­teur de la bande de mal­frats, celle-ci en butte à diverses mafias et ser­vices secrets. Ils doivent alors faire face à un mael­strom de péri­pé­ties toutes plus ris­quées les unes que les autres…

Les sept pre­mières pages de cette his­toire sont parues fin 1956 dans Risque-Tout, un éphé­mère heb­do­ma­daire des Édi­tions Dupuis. Une hui­tième avait été réa­li­sée en noir et blanc. Durant des décen­nies, per­sonne n’a pu savoir ce que conte­nait cette valise. Il n’est pas sûr que Mau­rice Tillieux, lui-même, en avait une idée pré­cise. En effet, il tra­vaillait à la façon des feuille­to­nistes, n’avançant son his­toire que devant la page blanche. Alors que, bien des années après, pressé par des amis il avait accepté de conti­nuer son his­toire, la camarde l’a fau­ché. C’est donc, à par­tir de la planche 9, une œuvre ima­gi­née par Fran­çois Wal­théry et Étienne Bor­gers et mis en image par Jean-Luc Del­vaux.
On retrouve une action omni­pré­sente que Mau­rice Tillieux savait si bien mettre en scène dans ses séries comme Gil Jour­dan, une gouaille de Titi pari­sien, des jeux de mots, une bonne dose d’humour et une intrigue retorse où se mêlent nombre de ser­vices secrets, de mafias, de tra­fi­quants de toutes natures et des finan­ciers véreux. Mais en existe-il d’autres ?

Si le récit se déroule dans les années 1950, époque rete­nue dans les pre­mières planches, le scé­na­riste fait état de quelques véri­tés encore valables aujourd’hui avec le com­merce des armes qui ne connait pas de crise, la drogue avec le tra­fic orga­nisé par des truands qui rap­porte aux finan­ciers sans que ceux-ci se salissent les mains… Jean-Luc Del­vaux assure un des­sin digne de ses grands pré­dé­ces­seurs avec une mise en page héri­tée de l’époque, des per­son­nages et des décors en adé­qua­tion avec le scé­na­rio. Il se régale, semble-t-il, et nous régale avec le des­sin de voi­tures anciennes, les vête­ments et les acces­soires uti­li­sés.
En fin d’album, en deux pages, les scé­na­ristes détaillent ce qui les a ame­nés à écrire la suite de l’histoire et les Édi­tions Dupuis com­plètent avec les fac-similés des huit planches originales.

Ce second tome des Aven­tures de Marc Jaguar est réjouis­sant et laisse espé­rer qu’il est le début d’une nou­velle série.

serge per­raud

Mau­rice Tillieux, Fran­çois Wal­théry, Étienne Bor­gers (scé­na­rio), Jean-Luc Del­vaux (des­sin) & Béa Constant (cou­leurs), Une aven­ture de Marc Jaguar — t.2 : Les Camions du diable, Dupuis, octobre 2018, 80 p. – 17,50 €.

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