C’est un livre vraiment original que publient Jean-Christophe Buisson et Emmanuel Hecht puisqu’il est consacré aux vaincus de l’histoire, ceux dont on parle mais à travers le prisme de leur défaite, de leur légende noire, de leur histoire écrite par leurs vainqueurs. A travers treize portraits, les deux auteurs tracent les contours de ce qu’est un vaincu.
Certes, chaque défaite est originale mais tous ont vu la victoire passer près d’eux, les frôler avant de s’évanouir, quand la mécanique des événements se dérègle, ou plutôt s’ajuste en faveur de leur vainqueur.
Certains ont été victimes des circonstances, du retournement de la situation politique ou militaire. Mais beaucoup sont tombés sous les coups de leurs propres limites, de leurs erreurs politiques fragilisant les acquis remportés sur le champ de bataille, de leurs défauts pour ne pas parler de leurs travers que sut exploiter leur ennemi.
Il faut savoir perdre, rendre les armes, se retirer dans l’honneur, mourir avec dignité. Tous n’y sont pas parvenus. Mais le propre d’un vaincu, c’est d’être à jamais lié à son vainqueur. Il est son double obscur, son ombre, parfois une tâche dont en réalité il ne pourra jamais se laver.
En somme, ce livre bien écrit suscite chez le lecteur une grande et profonde réflexion sur l’ironie de l’histoire qui pose une couronne de lauriers sur le vainqueur mais garde près d’elle le vaincu.
frederic le moal
Jean-Christophe Buisson & Emmanuel Hecht, Les grands vaincus de l’histoire, Perrin, août 2018, 408 p. — 21,00 €.