Nelly Palomäki : sombre éclat du vivant
Au sein d’un érotisme larvé, Nelly Palomäki fait vaquer ses personnages entre la résignation et l’attente. Les mouvements s’embrassent et se repoussent, les déterminations s’aliènent et s’opposent en un chaos étrangement harmonieux. Une nécessité supérieure poursuit sa lutte perpétuelle sans que nous connaissions son “ordre”.
L’œuvre n’appartient ni au jour ni à la nuit mais à un entre-deux mondes. Le corps se tend, s’arque mu par des forces invisibles, irrésistibles, qui l’habitent. Elles l’exhortent moins à la violente jouissance qu’au décisif combat pour la vie sous emprise d’une aimantation énigmatique.
Existent des jeux de fixation ou de dérives. La photographe sait que le corps n’est jamais débarrassé de ses ombres et qu’une artiste doit les fréquenter pour tenter de les expulser par la force de sa vision.. La photographe cherche autant une ouverture à l’autre qu’une idée forte et brûlante de la liberté. Elle creuse sans cesse l’espace qui projette dans diverses tonalités la grêle et le feu. L’ensemble change le fleuve du quotidien en absinthe.
L’artiste rappelle quelque chose d’important, d’essentiel : ce n’est pas derrière nous qu’il convient de regarder. Il nous faut, toujours, défoncer les vantaux mystérieux de l’Impossible.
Se touche à l’essence de la vie dont la créatrice travaille les traces corporelles comme points de vie, empreints de ce qui ne se fait pas, mais qui permet une connaissance.
jean-paul gavard-perret
Nelli Palomäki, Exposition, Galerie les Filles du Calovaire, Paris, du 30 novembre 2018 au 12 janvier 2019.