Hearts and Bones représente la première recollection du travail de Chambers. A travers ses photographies et photomontages le plasticien raconte de merveilleuses histoires où le réel le plus trivial se mêle au fantastique et à la rêverie. Ses contes sont tirés de ses voyages en Amérique du Nord, au Mexique, en Italie et en Islande.
L’artiste y propose un romantisme magique qui ouvre un éventail d’émotions et de sentiments mais toujours dans un souci de grâce plus que de violence ou provocation. Chambers appuie ses prises et reconstitutions sur des narrations qui semblent dûment circonstanciées. Mais rien n’efface totalement la question de savoir ce que créent ses « incipit » animaliers.
Certes, les ensembles structurent une mise en relation avec le symbolique. Mais dans une telle présentation, son sens échappe. Nul ne peut laisser de côté une présence du réel, mais il devient ce qui s’en évapore du côté d’un éther vague.
Ce que le réel possède de plus consistant s’ouvre à un envol voire un hors-sens là où il existe peu de possibilités de trouver la clé des serrures de l’artiste. Il y crée de bons tours de passe-passe dans une quête complexe et au charme aussi postmoderne que suranné.
jean-paul gavard-perret
Tom Chambers, Hearts and Bones, préface d’Elizabeth Avedon, Unicorn Publishing Group, Chicago, 2018, 208 p.