Luc Bondy élabore une mise en scène contenue, exigeante, qui laisse longtemps en suspens la question du sens de ces télescopages. Les énoncés sont émis et reçus de façon non strictement illogiques, mais de manière savamment improbable. Peu à peu les répliques sont jetées ; elles se font plus explicites, jusqu’à ce que les personnages en viennent finalement à se négocier, se vendre. Dommage, alors, que ce déferlement de virulence ne permette pas de conserver la même ambigüité que les moments de présentation ; le spectacle, levant l’ambivalence, y perd en richesse. Les énoncés semblent se porter eux-mêmes indépendamment de leur signification propre. La tension est maintenue par les discordes intervenant jusqu’à terme, mais en trouvant son objet, elle semble faiblir d’intensité.
christophe giolito
de Harold Pinter
mise en scène Luc Bondy
© Ruth Walz — 2012
avec Bruno Ganz, Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircher, Micha Lescot, Emmanuelle Seigner
Assistants à la mise en scène : Peter Cant, Annette Hirsch, Création lumières : Dominique Bruguière ; création costumes : Eva Dessecker ; coiffure/maquillage : Cécile Kretschmar ; décors : Johannes Schütz ; dramaturgie : Botho Strauss ; son : Jean-Louis Imbert, Peter Cant.
© Ruth Walz — 2012
Au théâtre de l’Odéon, place de l’Odéon, 75006
Du 18 octobre au 23 décembre, du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h.
http://www.theatre-odeon.eu/fr/2012/11/03/le-retour
Production : Odéon-Théâtre de l’Europe, Wiener Festwochen-Vienne, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Schauspielhaus – Zürich, MC2 Grenoble, Théâtre National de Bretagne-Rennes, Piccolo Teatro di Milano– Teatro d’Europa
avec les soutiens de Monsieur Pierre Bergé et du Cercle de l’Odéon
Le texte de la pièce, paru pour la première fois en français en 1969, est paru dans la version représentée aux éditions Gallimard en 2012.