Un Marcel Proust à sa manière
Face à son flot de souvenirs et l’Histoire qui les traverse, Omar Ba à chaque étape de sa trajectoire se demande « que faire ? ». Mais il trouve toujours la solution pour saluer ses origines comme il se doit. D’autant qu’il n’est pas du genre à renoncer. Pour lui, faire c’est à la fois lire, comprendre, penser, réfuter, repenser au nom de l’existence.
A ce titre, l’art demeure l’arme fatale pour offrir sa vision géopolitique du monde et son foutoir. Et s’il cultive aussi certains fantasmes, c’est pour électriser le réseau des synapses des consciences afin de vérifier si leur régime à base de dualité permet certaines avancées. Il crée à travers ses techniques mixtes des œuvres de plus en plus sophistiquées : elles parlent autant à l’esprit qu’à l’émotion.
Cherchant de moins à moins à étonner mais davantage à creuser, l’artiste crée une oeuvre de plus en plus puissante et poétique. Par des souvenirs jadis encombrants il sait désormais créer un romantisme particulier et qui n’a rien de mièvre. Un merveilleux se distille entre d’étranges arbres où l’être se cache et jaillit.
L’artiste explore les arcanes de l’impérialisme et la protubérance de l’ego de ceux qui croient jouir du monde de l’ « Autre » en portant sur lui une lumière malsaine et une transparence douteuse. Leurs travaux se veulent histoires de vie mais ne sont qu’illusions dérisoires aussi idiotes que prises au sérieux par ceux qui s’y abandonnent.
N’existe cependant chez l’artiste nulle haine ou pleurnicherie mais indiscutablement un travail de culture plurielle qui procure un plaisir indicible. C’est pourquoi Omar Ba est autant un peintre premier que, et paradoxalement, un Marcel Proust à sa manière.
jean-paul gavard-perret
Omar Ba, Autopsie de nos consciences, Templon, Paris, Rue du Grenier Saint-Lazare, du 8 septembre au 27 octobre 2018.