L’Ajoie (« bec » de la Suisse vers le territoire français près de Belfort) est devenue un des territoires du poète belge qui retrouva son pays pour y mourir après en avoir été chassé quasi manu militari. Mais le temps était passé sur cet épisode. Il y eut même prescription de facto. Et entre deux verres de vin (voire bien plus), Pirotte s’en amusait.
Se retrouve dans cette édition qui rassemble trois recueils publiés de 2008 à 2012 la faconde de l’auteur grand seigneur et homme de bonne compagnie. Il y a là les paysages et haltes de l’auteur baroudeur mais dont le caractère enjoué cachait mal l’omniprésence d’une mort qu’il tentait de glisser sous les linoleums des bistrots avant qu’il ne finisse – comme chacun –par quitter avec douleur le monde.
Né à Namur, cet irrégulier de la langue, ce nomade de la littérature aimait les livres “défaits” sans commencement ni fin où il pouvait écrire des sortes de voyages en boucle, des errances imaginaires faites de souvenirs, de rêves, de références de lectures, d’évocations d’instants précieux. S’y ressent toujours la fraîcheur du vrai, l’intensité du regard du poète. Demeure en filigrane, même si nous sommes là à la fin de sa vie, l’image d’un fugitif qui, pour échapper aux gendarmes, chercha refuge, en quête d’un improbable bonheur, sur les flancs du mont Afrique pour la Bourgogne et ses vins.
Le poète poursuit ici ses incidences, ses lignes mélodiques en secondes et en tierces dans un immense puzzle capable de donner à voir une vérité qui n’est pas d’apparence mais d’incorporation. Le poète parcourt par son écriture ses propres figures qui lui échappaient parfois au sein d’une densité d’écriture qu’on ne perçoit pas forcément tout de suite tant l’auteur semble jouer les dilettantes selon une propension humoristique chère aux auteurs wallons.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Pirotte, Ajoie précédé de Passage des ombres et de Cette âme perdue, préface Sylvie Doizelet, Gallimard, coll. Poésie, Paris, 2018, 424 p. — 7,30 €.
Bonjour,
JEAN-CLAUDE Pirotte, si vous voulez bien.
Vos articles sont d’excellente qualité, vos analyses très passionnantes.
Merci.
J. R.
Merci cher monsieur de votre retour correctif et de votre intérêt pour lelitteraire.com
Nous rendons de ce pas à jean-Claude ce qui n’est pas à Jean-Pierre.
cordialement,
la rédaction de lelitteraire.com
Je vous ai dit par mail tout le bien que je pense de votre travail. Surtout continuez !!!