Louis-Michel de Vaulchier « inscrit » dans son exposition une voie (étroite ?) entre écrire et dessiner. Il joint le geste à la parole. D’une main (ou plutôt de la voix) l’artiste dit ce qu’il a écrit (de manière verticale), de l’autre il dessine le texte qu’il entend. La voix fait donc le lien entre les deux gestes. Il y a là un simultanéisme et un automatisme en rien surréalistes. Tout cela crée des embrouillaminis et une confrontation communicante pleine d’humour.
Au filandreux et au fuyant fait place un drôle de credo où l’intellectualisme se détend de manière un peu mégalomaniaque. Se distinguent moins de véritables dessins que des chaînons, des ronds repliés sous forme d’oreilles. Rien n’empêche de tout confondre. Mais élargissements ou résorptions créent d’étranges traces dont le texte se reforge et se re-fabrique sous forme de noeud borroméen.
L’artiste poursuit donc sa quête de transformation entre le « sujet » et l’ »objet » sans savoir qui est réellement qui et qui fait quoi. La structure du dessin est moins une équivalence qu’une dé-pliure sous forme de délivrance de ce que les mots ne savaient pas encore. Bref, le monde visuel n’est plus symétrique du monde textuel. A la pensée et la pratique de l’équivalence ou au fonctionnement en miroir fait place un « Autre » qui n’est pas un reste mais une manière d’avancer dans les processus de la création et de la pensée.
Reste à savoir ce qui dans ce jeu est production d’une vérité et si un tel mot garde encore un sens.
jean-paul gavard-perret
Louis-Michel de Vaulchier, Geste Geste, Librairie Galerie A Balzac A Rodin, Paris, 28 septembre au 20 octobre 2018.