Jean-Pierre Chambon, Noir de mouches

Un homme sensible

La pas­sion du réel peut sem­bler une contra­dic­tion en ses termes. Dans le pre­mier existe une com­po­sante reli­gieuse, quant au second on s’y cogne. Mais avec Cham­bon le réel n’est pas mécréance même dans ses aspects les plus ténus.
Il suf­fit qu’une mouche vienne lui rendre visite lorsqu’il s’endort : « j’ai perçu son bour­don­ne­ment qui n’a sem­blé pour­tant me trou­bler que d’une infime égra­ti­gnure à la sur­face du silence ». Mais sou­dain ce rien est un tout.

Scru­ta­teur des imper­ma­nences, le poète en sai­sit les puis­sances d’anamorphoses les plus intimes. La mouche par son entê­te­ment ébranle l’air et l’auteur et celui-ci en légende les mani­fes­ta­tions déplai­santes ou non. Pas besoin de chars guer­riers pour entraî­ner un homme sen­sible au tré­bu­chet des inquié­tudes.
Le socle de l’écriture peut donc tenir aux pattes de mouche et ses élytres. L’ajustoir du tour­ment — et de l’humour — tient alors pour une conscience si vétilleuse à ce grain de folie qu’un diptère produit.

jean-paul gavard-perret

Jean-Pierre Cham­bon,  Noir de mouches, Edi­tions L’Auberge des Vents, Gre­noble, 2018, 28 p. — 10,00 €.

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