L’arme des dieux ne se traque pas !
Le royaume d’Angleterre est affaibli, sa flotte réduite ne lui permet pas de faire face au conflit qui se prépare avec les Provinces-Unies en ces années 1660. Une équipe de La Royal Geographic Society, menée par Lord Bennett, part vers le Yucatan pour capturer une créature légendaire connue sous le nom de Cerbère des dieux. C’est un monstre qui donnerait la supériorité au royaume. Mais le début de l’expédition tourne au fiasco.
Lord Bennett et sa troupe, encerclés par des indigènes, se sont réfugiés dans une grotte. Toute tentative pour aller chercher de quoi se nourrir, cueillir des fruits, se solde par la mort des intrépides. Jonas, le neveu de Bennett, a été blessé. Il est veillé par Mara dont il tombé amoureux. Celle-ci, unique survivante de son peuple massacré, se rappelle comment, il y a vingt ans, elle a rencontré le capitaine Rodrigo Toledano dont elle est devenue l’épouse. Celui-ci, séparé du groupe, est sur les traces du monstre pour découvrir son repaire.
À son réveil, Jonas révèle à Mara que le document qu’elle possède depuis sa plus tendre enfance, n’est pas la représentation d’un sacrifice en l’honneur des dieux mais le détail du rituel pour contrôler la bête. Toutefois, il pense que ramener ce monstre en Angleterre serait une folie.
Avec cette série, David Munoz propose une intrigue conjuguant un récit d’aventures maritimes, une histoire de pirates dans le cadre fantastique d’une légende Inca. Celle-ci est relative à une créature mythique que les champions de cette civilisation savaient maîtriser et contrôler. L’auteur utilise une situation historique authentique, celle de la deuxième guerre anglo-néerlandaise. Depuis de nombreuses années, Albion et les Provinces-Unies (ce n’est qu’en 1795 que le nom des Pays-Bas est adopté) sont en guerre pour la prédominance et la maîtrise des principales routes commerciales maritimes.
Pendant ce second conflit, les Néerlandais réussissent à entrer sur la Tamise et détruisent la quasi-totalité de la flotte ancrée là. La situation est cruciale pour le royaume et la possession d’une arme puissance, indestructible redonnerait l’avantage aux Anglais. Il faut aller la chercher sur le continent Sud-Américain.
Le scénariste bâtit le récit d’une quête à plusieurs niveaux avec une galerie de personnages dont les desseins et les buts sont bien différents. Si d’aucuns ne pensent qu’à la grandeur du royaume, d’autres ont des motivations plus personnelles, plus prosaïques, comme la conquête d’une fortune, d’un amour…
Le dessin est confié à Tirso qui réalise une atmosphère lourde, pesante dans une jungle épaisse, source de tous les dangers. Le dynamisme est de mise tant pour les nombreux combats que pour la lutte contre la bête, les phases de la prise de pouvoir et les mouvements du Cerbère. Synthétique, son graphisme fait mouche et des pleines pages restituent le côté surréaliste du scénario. Il sait bien adapter son trait et réalise quelques vignettes directement inspirées des représentations incas telles qu’on peut les voir aujourd’hui.
Ce second tome confirme tout l’intérêt que l’on pouvait trouver à la lecture du premier opus et laisse augurer d’une suite palpitante.
serge perraud
David Munoz (scénario d’après une idée originale de Tirso), Tirso (dessin), Tirso et Javi Martín (couleurs), Les Traqueurs — t. 2 : L’Héritage de sang, Glénat, coll. “Grafica”, juillet 2018, 48 p. – 14,50 €.