Celui qui a renoncé à devenir pompier : entretien avec Jacques de Backer

Il y a para­doxa­le­ment chez Jacques de Backer un côté Kafka. Il est sûr que l’auteur pra­guois aurait aimé cet uni­vers où le quo­ti­dien se trouve méta­mor­phosé dans une atmo­sphère aussi réa­liste qu’irréelle. Comme le rap­pelle ici l’artiste, il existe chez lui aussi du Tati (et  du Dumont), du Sempé. Mais il trans­fère l’image qui bouge et le des­sin dans son propre uni­vers. Il y met en scène les ratages du désir mais aussi ses jeux secrets. Tout est fin et intel­li­gent et baigne dans une lumière particulière.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils consti­tuent une grande par­tie de mes objec­tifs de vie même si je sais qu’à mon age je ne serai plus pompier.

A quoi avez-vous renoncé ?
A l’optimisme

D’où venez-vous ?
Cette ques­tion est la pire énigme que nous devons résoudre le plus vite possible.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un cer­tain sens de la dérision

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Un bon verre de vin…un deuxième si affinité.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains et artiste ?
Je ne suis pas un artiste mais j’aimerais un jour le devenir.

Com­ment définiriez-vous votre approche du por­trait et du pay­sage ?
C’est une approche qui conduit tou­jours au sublime qui nous rap­pelle la briè­veté de notre existence.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
L’image d’un énorme pois­son, mort, cou­ché en tra­vers d’un petit che­min. J’avais envi­ron 5 ans et la carpe avait ma taille.

Et votre pre­mière lec­ture ?
L’île aux trésors”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Clas­sique, rock, tout.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Voyage au bout de la nuit” de L.F. Céline et illus­tré par Tardi

Quel film vous fait pleu­rer ?
« La vie des autres » de Flo­rian Hen­ckel von Donnersmarck

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un per­son­nage qui rare­ment me ressemble.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je n’ai jamais eu cette peur mais j’ai peu l’habitude d’écrire aux gens.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Ber­lin par son his­toire et ma filia­tion parentale.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Céline, Paul Aus­ter, W. Allen, Sempé, G.Marcx, Magritte, Pierre Dac, Jacques Tati. A. Rim­baud, Gas­par David Friedrich…

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un très beau texte.

Que défendez-vous ?
L’écologie, le silence et l’humour.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est le sen­ti­ment contre la rai­son qui doit habi­ter au mois 50% des personnes.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ? »
J’aime beau­coup cette phrase sans vraie valeur morale qui sublime l’humour de cet auteur de génie.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Pour­quoi n’avez-vous pas répondu à la pre­mière question ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 30 juillet 2018.

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