Kelen vient d’avoir seize ans, l’âge auquel tous les jeunes de son peuple, les Jan’Teps, passent une série d’épreuves pour devenir mages. Malheureusement pour Kelen, sa magie ne fonctionne quasiment pas, et il est incapable de produire les sorts puissants requis pour les épreuves. Il est pourtant, avec sa sœur, qui elle est très douée, l’héritier d’une des grandes familles qui se disputent les rênes du pouvoir de la cité.
Lors de sa première épreuve en plein cœur de l’Oasis, il va faire preuve de ruse pour déstabiliser Tennant, le fils de la famille rivale de la sienne. Il remporte l’épreuve, mais son stratagème est dévoilé par sa propre sœur. Dès lors, il devient un paria, qui doit tout faire pour développer et retrouver ses pouvoirs, s’il ne veut pas définitivement intégrer la caste des serviteurs. En cherchant de l’aide dans un monde hostile, il trouve deux alliés très inattendus : Furia une vagabonde argosi, et un chacureil féroce. Avec leur aide, il va perçer des secrets ancestraux, qui pourraient bien entraîner son monde vers le chaos.
Cette nouvelle saga fantastique est l’œuvre d’un auteur canadien, qui a décidé d’explorer des mondes imaginaires plutôt que des ruines réelles. Car, au départ, Sebastien de Castell se destinait à l’archéologie, mais très vite sa passion pour l’écriture et la littérature a pris le dessus. Et personne ne va s’en plaindre, car avec ce premier tome de L’anti magicien, il signe un roman fantastique imaginatif, palpitant avec une dose d’humour en plus.
L’anti héros Kelen a peur de tout, mais principalement de ne jamais voir ses pouvoirs magiques éclore. Pourtant, il est en pleine rebellion contre sa famille et son clan, et plus d’une fois il va faire preuve de grand courage, quitte à tout perdre.
Ce roman est aussi une ode à la différence, et comment assumer le fait de ne pas s’intégrer aux normes d’une société, qu’elle soit magique ou pas. Kelen se lie d’amitié avec des personnages atypiques, un peu loufoques, et qui eux aussi ne cadrent pas avec l’univers élégant, austère et puissant dont il est issu. On évoque aussi en ces pages l’esclavage, car tous ceux qui ne deviennent pas des mages doivent vivent en reclus, et doivent servir les familles les plus puissantes, même si celles-ci sont la leur !
On croyait déjà avoir tout lu sur les mondes imaginaires, les mages, et leurs secrets, mais Sebastien de Castell arrive à renouveler cet univers de la fantasy tout en s’appuyant aussi avec habileté sur ses codes. On attend donc la suite prévue en septembre avec impatience.
franck boussard
Sébastien de Castell, L’anti– magicien, Gallimard Jeunesse , à partir de 12 ans, mai 2018, 464 p. – 18,00 €.