Bien avant Christophe Colomb !
Remi et Sam Fargo vivent de leurs rentes. La vente de leur société et les royalties reçues pour leurs dernières inventions les mettent à l’abri du besoin pour des siècles. Passionnés par l’archéologie, surtout marine, ils prêtent leur concours matériel et financier pour ramener au jour des merveilles anciennes. Ils disposent d’un staff mené de main de maître par Selma. Ils sont au large de Carthagène, en Espagne, avec une équipe recrutée par l’université de Séville. Ils sont là car ils avaient repéré l’épave d’un navire marchand du XVII e siècle et signalé leur trouvaille aux autorités maritimes espagnoles.
Après une exploration approfondie, ce navire recèle une belle cargaison d’œuvres d’art antiques. Un yacht luxueux arrive sur les lieux et jette l’ancre. Son importante quantité de bouteilles d’air comprimé attire l’attention de Sam. Suspicieux, il plonge avec Remi et voit des hommes qui fouillent l’épave. Décidé à en avoir le cœur net, ils s’invitent sur le yacht où ils retrouvent une vieille connaissance, Janus Benedict, un marchand d’armes dont le nom est fréquemment associé aux vols d’antiquités.
Pour contrer ce pillage, ils coupent les filets, pleins d’antiquités, accrochés sous le bateau, manquant se faire cisailler par l’hélice quand les moteurs redémarrent. Le temps de repasser par leur villa, ils repartent pour l’île de Baffin en vue de relevés glaciaires. Sur place, un détecteur de métaux les alerte et, après plusieurs heures passées à briser la glace, il dégage un navire viking. Dedans, de nombreux vestiges précolombiens, des documents dont l’un évoque une légende relative à Quetzalcóatl… Il parle d’un grand trésor comprenant, entre autres joyaux, celui donné par un dieu et nommé l’Œil du Paradis.
Mais, Benedict, qui n’a pas digéré ce qu’ont fait Sam et Remi, les piste, bien décidé à prendre sa revanche à n’importe quel prix…
De l’Espagne au Canada, du Mexique à la France, de La Havane aux USA… les héros du récit n’hésitent pas à voyager. Avec ce couple d’archéologues amateurs, dans le sens noble du terme, le cadre des aventures reste maritime, comme tous les romans relevant du label Cussler. Dans ce tome, l’intrigue se construit autour de deux épaves, l’une méditerranéenne et l’autre viking, un navire navigant vers la fin du XIIe siècle. Ce drakkar permet au récit de s’orienter vers la civilisation précolombienne et la légende de Quetzalcóatl, une des principales divinités d’Amérique Centrale.
Les auteurs s’appuient sur la capacité, qui s’avère de plus en plus crédible, des Viking à traverser l’Atlantique et de faire des incursions sur les continents Nord et Sud-Américains, bien avant Christophe Colomb. La grande Histoire n’est-elle qu’une suite de fausses affirmations ? N’est-elle pas faite d’événements quelques peu arrangés ? Colomb ne serait que celui qui a ouvert la voie pour les Européens et, en aucun cas, le découvreur des Amériques ?
Si Remi et Sam ne ressentent pas les méfaits de l’avancement en âge, il n’en n’est pas de même pour ceux qui les entourent. Selma souffre et doit se faire opérer ce qui permet à sa jeune nièce, Kendra, de venir grossir la galerie de personnages et d’autoriser, compte tenu de sa jeunesse et de son look, de nouvelles actions.
Bien sûr, le danger est très présent et les péripéties sont nombreuses et bien ordonnancées. Elles séquencent une histoire habilement structurée qui apporte son lot d’informations intéressantes. Ce nouveau roman signé Cussler permet de passer un bon moment de lecture avec toutes les composantes du genre.
serge perraud
Clive Cussler & Russel Blake, L’Œil du Paradis (The Eye Of Heaven), traduit de l’anglais (États-Unis) par Florianne Vidal, Grasset, coll. Thriller, mais 2018, 352 p. – 21,50 €.