Un tel ouvrage est un livre somme où textes et dessins se répondent comme dans l’œuvre elle même de Richard Meier. Et ce, qu’il soit — à la fois ou tour à tour — poète, artiste, éditeur, imprimeur, graphiste. Mais le créateur ne s’est jamais contenté de son propre moi : « l’âme à tiers » cher à Lacan prend chez lui tout son sens.
En effet le créateur est toujours « sorti de chez lui » (C. Delmas) pour offrir une place majeure aux autres écrivains et plasticiens auxquels il se ressource. Il a entre autres créé 75 carnets en 5000 pages et une pléiade de livres qui constituent un immense corpus. Ils “re-présentent“une organisation de l’espace. Celui-ci devient à la fois compact, aérien et parfois troué afin que l’air y passe, l’humour aussi. Mais pas seulement.
Ce livre devient un catalogue raisonné et commenté de ceux que Meier a créés afin d’assouvir son souhait : « La lecture est la lame de la voix haute ». C’est pourquoi de telles création sont des « opérations » : entendons ouvertures très différentes les unes des autres.
Henri Chopin, Georges Ayats, Ghérasim Luca, Pierre Bourgeade et combien d’autres sont à lire à lèvres ouvertes (et parfois érotisées) là où le rapport même au papier radicalise le livre.
Héritier de Jean Vodaine, Richard Meier a démultiplié ses propres intentions : le créateur montre ce que les mots ouvrent lorsqu’ils deviennent images, territoires, cartes (du Tendre ou plus froides »).
Existent des suites de coupes et de tailles : c’est un immense voyage dans les géographies du livre pour des lectures nouvelles là où les images se lisent et les mots se regardent.
jean-paul gavard perret
Richard Meier, Voix éditions Richard Meier Géographie du livre, Editions Richer Meier, 2018, 332 p.
J’ aime beaucoup votre idée de création comme opération, justement concernant le travail de l’ éditeur Richard Meier qui sait si bien tailler dans le livre pour ouvrir un espace, un nouveau monde pour chacun des livres qu’ il crée.
Grande envie d’ avoir ce catalogue raisonné entre les mains.
Hélène P.