Qui de plus méritant pour le Premium Imperiale for Painting » qu’Alechinsky ? Il crée des traversées, de plongeons et des remontées pour nous faire perdre pied, nous délester et nous faire nous retrouver face à l’ivresse des formes vives. Bref, il ne cesse de créer des déplacements qui lui valent aujourd’hui d’être honoré par cette distinction créée au Japon en 1989 et qui est considérée comme le Prix Nobel pour les artistes.
Avec Pierre Alechinsky, l’art est plongé dans un bain de langage. Le créateur y épie au loin ce qu’il sent intimement si proche. L’espace du quotidien bascule plus près du Réel où la discontinuité signifiante se transforme en continuité mouvementée et agissante.
Plus que la réalisation de fantasmes, Alechinsky lutte contre l’inerte dans ses dévoilements. Ils provoquent une délivrance qui arrache au monde à la simple représentation. Les images trouvent une puissance nouvelle par-delà les frontières où les vieilles surfaces sont — entre autres — recouvertes par une vie qui se dégage des ombres même par le noir.
Tel « Thomas l’Obscur » de Blanchot, le peintre « s’éclaire de la proximité du néant » pour découvrir ce qu’il étend afin que le regardeur se projette dans l’ailleurs et ce, jusqu’à l’origine de ce qui est sans origine. A savoir une sorte de nuit mais d’où tout repart en volutes et où semble se recréer ce qui ne pouvait l’être. Bascules et des virages ouvrent à une sorte de joie qui ignore soudain bien des refoulements.
Jean-Paul Gavard-Perret
Les œuvres de Pierre Alechinsky sont défendues par la galerie Lelong & Co.