Jean-Luc Istin & Laci, Les Maîtres Inquisiteurs — t.9 : “Bakael”

Quand le passé…

Bakael appar­tient à la race des Ashinn (les nains). Il est au port de Flo­ren­taix, au sud de l’Ardaigne, une région de « longues-jambes » où les étran­gers et sur­tout les nains ne sont pas les bien­ve­nus. Il accom­plit la tâche pour laquelle il est venu, puis retrouve Tana­ween, une elfe avec qui il par­tage sa vie d’Inquisiteur et… de nain. Il doit, main­te­nant assu­rer la mis­sion que lui a confié Adrael, son vieux maître, et rejoindre la région de son enfance qu’il a quit­tée quand il avait sept ans. Il en a aujourd’hui qua­rante.
Or, Bakael redoute de retrou­ver les siens car il est rongé par une culpa­bi­lité. C’est son père, ayant la charge de res­pon­sable du vil­lage, qui a fait appel aux Inqui­si­teurs. Depuis un mois, des mineurs dis­pa­raissent et les quelques corps retrou­vés sont en par­tie dévorés…

Le récit se déve­loppe autour de deux intrigues prin­ci­pales, deux élé­ments mys­té­rieux. Qui assas­sine ces mineurs et pour­quoi ? Quelles ont été les rai­sons du départ de Bakael ? Que peut-il craindre après tout ce temps ? Qu’est-ce qui le ronge à ce point ? Avec ce per­son­nage et ses doutes, le scé­na­riste livre nombre de réflexions sur la per­cep­tion du passé que chaque indi­vidu peut avoir du sien, ce qu’il repré­sente, l’analyse que fait chaque indi­vidu des atti­tudes des autres, l’interprétation de cer­tains faits, de cer­taines atti­tudes, de cer­taines paroles. Il évoque les occa­sions man­quées comme dire à ses proches com­bien ils comptent, les sen­ti­ments ami­caux, amou­reux, filiaux qu’ils génèrent.
Avec Bakael et sa famille, Jean-Luc Istin déploie des remarques sur l’existence, sur les émo­tions, sur la famille, la façon d’aborder les coups durs, les ennuis…

Istin livre un brin de sexisme quand il fait remar­quer, dans un car­touche, qu’une des manies de Tana­ween est de répé­ter inlas­sa­ble­ment les mêmes choses, tra­vers, ajoute-t-il, que l’on prête aux femmes. Mais il se rat­trape quelques pages plus loin ! Laci offre une bien belle mise en images avec un sens pré­cis du sus­pense, avec un art de coor­don­ner les vignettes, de mul­ti­plier les for­mats. Il donne un réel dyna­misme aux actions et réa­lise des décors de belle fac­ture. Ses vignettes repré­sen­tant l’intérieur des mines sont fort réus­sies.
La mise en cou­leurs de Digi­kore Stu­dios reste cepen­dant en-deçà, trop syn­thé­ti­sée, écra­sant les traits.

Ce tome 9 de la série, pré­vue pour l’instant en douze volumes, se révèle riche, intense, attrac­tif avec l’introspection de per­son­nages, bien que l’intrigue reste tou­te­fois assez classique.

serge per­raud

Jean-Luc Istin (scé­na­rio), Laci (des­sin), Digi­kore Stu­dios (cou­leurs) Les Maîtres Inqui­si­teurs — t.9 : Bakael, Soleil, coll. Fan­tas­tique, mai 2018, 60 p. – 15,50 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>