Et la superbe aventure continue…
Après l’échec de leur tentative avec radeaux et cerfs-volants, les naufragés sont de retour sur l’île où ils entament la construction d’une nouvelle embarcation. Suite à sa chute, Lucile ne parle plus, mais participe activement à la confection des voiles. Sigrid, Bruce et Émilien empruntent le chemin de cordages existant pour se hisser le long de la falaise où ils découvrent une nouvelle porte. Soudain, parce qu’elle a détectée un danger, l’île s’enfonce, protégée de l’océan par son champ de force.
Alors que Noémie et Lucile font leur “marché” dans la lagune, elles voient un cadavre portant un uniforme japonais, puis un second. Un troisième soldat est encore vivant. C’est une jeune femme qui dit s’appeler Kiritsu, mais la communication s’arrête là car personne ne comprend ce qu’elle dit.
Émilien réussit à activer la sphère, source de l’énergie dont ils ont besoin. Kiritsu remet la vertèbre de Lucile qui occasionnait une aphasie et elle lui dit qu’il faut partir que le danger est grand.
Et les adultes sont capturés par un groupe commandé par le colonel Iryama. Celui-ci veut qu’ils l’aident à ouvrir une certaine porte qui semble correspondre à la clé qu’il a en sa possession. Et il veut employer tous les moyens…
Action, aventure, fantastique, science-fiction, uchronie, mystères, Denis-Pierre Filippi conjugue ces genres littéraires et en fait un cocktail particulièrement goûteux. Il place son intrigue alors que la Première Guerre mondiale continue de faire rage, en 1927. Il anime deux cousins, Noémie et Émilien des petits génies. Avec ce couple, il construit une série d’actions toutes plus spectaculaires les unes que les autres, enchaînant les péripéties autour de la recherche des parents de ces deux enfants devenus adolescents au fil des albums.
L’auteur enrichit sa galerie de personnages, ajoutant dans cet opus la jeune japonaise, une jeune prodige que les Japonais conditionnent dès l’enfance aux technologies obscures et l’affreux colonel Iryama. Le Troisième Axe, l’ennemi insaisissable, reste encore bien éloigné, présent seulement par ses affreux robots destructeurs. Ce qui n’empêche pas le scénariste de déployer des moyens technologiques toujours nouveaux.
Silvio Camboni continue, pour sa part, à enchanter le regard face à ces planches aux décors luxuriants, à l’animation tonique des moyens technologiques. Si les personnages, quelque peu synthétisés façon manga, pouvaient surprendre dans le premier tome, ils ont gagné une attractivité avec leurs silhouettes élégantes. Les sentiments sont parfaitement rendus par la grâce des regards.
Les couleurs flamboyantes sont l’œuvre de Gaspard Yvan, assisté de Jessica Bodart, qui propose de magnifiques rayons lumineux dans la sylve, des reflets sur et dans l’eau, une végétation opulente.
Une remarquable série dont l’intrigue ne s’essouffle pas, toujours relancée par une succession de rebondissements innovants et un graphisme dont on ne se lasse pas.
serge perraud
Denis-Pierre Filippi (scénario), Silvio Camboni (dessin), Gaspard Yvan & Jessica Bodart (couleurs), Le Voyage extraordinaire - t.6, Vents d’Ouest, coll. “Hors collection” juin 2018, 48 p. – 13,90 €.