Sarah Maison, Eponyme (CD)

Une forme d’exhibition plus que de cohérence

Il faut attendre un peu l’entrée en sym­biose avec l’univers  de Sarah Mai­son pour en appré­cier le suc. L’album monte pro­gres­si­ve­ment en puis­sance. « Bara­chi­cha » est une simple mise en bouche et « Je Ne Peux Pas Te Voir » reste un peu fade. Il faut attendre « Tor­rent de Cha­leur » pour que tout s’envole véri­ta­ble­ment au moment où ce titre lan­guide crée une atmo­sphère par­ti­cu­liè­re­ment envoû­tante.
Elle annonce les trois der­niers titres les plus inté­res­sants de l’ensemble jusqu’à « Dor­mir » qui le clôt avec sophis­ti­ca­tion. Sarah Mai­son donne ici toute l’étendue de ses pos­si­bi­li­tés vocales et créa­trices. Il manque sim­ple­ment une unité dans ce tra­vail qui tient plus d’une forme d’exhibition que de cohérence.

Par ailleurs, l’artiste se perd par­fois en un souci de l’ornementation super­fé­ta­toire. Sans retom­ber dans ses pre­mières recherches concrètes, brui­tistes et mini­ma­listes, une forme de sim­pli­cité moins tous azi­muts don­ne­rait un axe plus clair à l’album aux influences trop pluri-formes.
Sarah Mai­son inté­resse plus lorsque sa voix se mêle aux syn­thé ou à la ponc­tua­tion d’une basse qui relève tous les poten­tiels de l’artiste. Pui­sant dans son ima­gi­naire des élé­ments trop épars, elle offre trop de solu­tions diverses : se frot­tant les unes aux autres, elles ne per­mettent pas d’accéder à une cohé­rence géné­rale. Un fond se retire pour ne lais­ser appa­raître que des sur­faces. Elles laissent l’auditeur sur sa faim même si un tel tra­vail est tout sauf anecdotique.

jean-paul gavard-perret

Sarah Mai­son, Epo­nyme, Muzul Pro­duc­tion, Micro­cul­tures, Differe-ant, 2018.

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