Peter Stämpfli, “Stämpfli Pop (1963–1964)”

Tran­si­tif indirect

Peter Stämp­fli oblige le regar­deur à s’interroger par les effets de détail sur la réa­lité. Elle est sou­mise en gros­sis­se­ments au doute comme à la fas­ci­na­tion. Ins­piré par les affiches monu­men­tales dans les cou­loirs et sta­tions de métro, il crée des découpes, des mon­tages, des col­lages pour agran­dir des objets et pro­po­ser ce qu’il nomma à l’époque « une sorte de dic­tion­naire des objets, des gestes quo­ti­diens. »
Le cata­logue de Robert Storr, ancien conser­va­teur du Moma, et la pré­face d’Alfred Pac­que­ment, ancien direc­teur du MAM, pré­cisent l’enjeu d’ensemble des œuvres expo­sées. Il est com­plété de nom­breuses images et docu­ments. Ins­piré par des peintres anglais dont Hock­ney et Blake, mais aussi par les Amé­ri­cains Warhol et Lich­ten­stein, Stämp­fli invente sa propre concep­tion du Pop Art. Ses toiles sur­prennent tou­jours par leurs sujets incon­grus iso­lés sur fond neutre.

Le tape-à-l’œil cher à cette esthé­tique rejoint chez le Suisse l’abstraction dans un pro­ces­sus qui se com­plexi­fie mais aussi s’épure au fil de l’exploration tech­nique de l’artiste. Stämp­fli pro­duit en consé­quence une œuvre au sta­tut par­ti­cu­lier où demeure patente la grande ques­tion du secret de l’image. Celle-ci rebon­dit sur une autre inter­ro­ga­tion : trou­ver qui ou quoi est « le sujet du sujet ».
L’inquiétude reste donc bien la faille ordi­naire d’une telle créa­tion. Là où l’évidence pour­rait régner, tout capote, diverge. L’artiste fait par­ta­ger le doute dans un lieu où tant d’autres croient offrir des évidences.

jean-paul gavard-perret

Peter Stämp­fli, Stämp­fli Pop (1963–1964), Gale­rie GP et N Val­lois, Paris, du 14 sep­tembre au 20 ocrobre 2018.

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