Zadie Smith reprend ce qu’elle avait déjà proposé avec Ceux du Nord Ouest : l’opposition mais pas seulement entre des personnages – ici deux amies métisses d’un quartier de l’Est London, aux destin à la fois parallèles et opposés. La romancière s’enfonce dans l’existence, les pensées de ses personnages. Mais on est désormais loin de ce qui pourrait la faire passer – comme dans ses preliers livres – pour une Virginia Woolf du XXIe siècle.
Certes, Zadie Smith y déploie toute l’étendue de sa curiosité et son roman permet d’aborder des problèmes essentiels pour elle : le langage, le métissage, le racisme, l’identité, le genre et la célébrité. Le tout avec humour, humanité et érudition sur des sujets graves comme légers.
La plus audacieuse des deux héroïnes est promise à une carrière sous les sunlights en devenant danseuse. L’autre suit une scolarité classique jusqu’à l’université, avant de devenir l’assistante d’une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet d’une école pour filles en Afrique.
La première voit son parcours capoter eu égard à son instabilité psychologique. Et finalement les deux amies se retrouvent pour un dernier « bal ».
Ce qui commençait comme un roman d’apprentissage devient en grande partie celui des illusions perdues. Néanmoins, quoique dans la veine du grand roman anglais féminin qui traverse la littérature anglaise depuis près de deux siècle, une telle fiction est trop sage, trop attendue de la part d’une romancière telle que Zadie Smith. Son texte est loin d’être inintéressant mais il n’apporte rien de neuf dans à l’œuvre.
Il est d’une certaine manière sans surprise. Ce qui n’enlève en rien à la qualité générale d’une telle fiction.
jean-paul gavard-perret
Zadie Smith, Swing Time, traduit de l’anglais par E. et Ph. Aronson, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2018.