Sébastien Lepetit, L’origine du Crime

Après L’Origine du monde

Alors que l’inspecteur Fabien Mon­ceau part en vacances à Paris, le com­mis­saire Bruno Mor­teau musarde sur les contre­forts qui entourent Besan­çon. Pen­dant sa pro­me­nade, il est rejoint par Béa­trice Mont­fort dont il a fait la connais­sance, il y a quelques mois, lors de l’enquête sur le meurtre de son mari (Merde à Vau­ban – même édi­teur). Elle veut sol­li­ci­ter son avis car elle craint d’être accu­sée de recel ou autre méfait. Elle a acquis pour 50 000 €, en son nom, il y a quelques années, sur les conseils de son époux, un tableau de Cour­bet, une ver­sion de Pay­sans de Fla­gey reve­nant de la foire.
C’est lors de la décla­ra­tion de suc­ces­sion que son tableau a attiré l’attention de l’expert man­daté. Il pré­sente beau­coup de simi­li­tudes avec celui exposé au musée d’Ornans, mais volé le 18 sep­tembre 2005. Celui-ci a signalé cette décou­verte à l’O.C.B.C. (L’Office Cen­tral de lutte contre le Tra­fic de Biens Cultu­rels) qui a dépê­ché un enquêteur.

À Paris, Fabien a rendez-vous avec trois jeunes ita­liennes ren­con­trées la veille sur la place du Tertre pour aller voir Les Nym­phéas. Mais seule Lucia vient à sa ren­contre. Elle adore les impres­sion­nistes !
L’enquêteur étant débordé, Mor­teau manœuvre pour récu­pé­rer l’affaire car Mme Mont­fort ne le laisse pas indif­fé­rent. Il décide de cher­cher, dans les rela­tions de Pierre-Jean Mont­fort, qui a pu lui vendre le tableau. Très vite il repère un peintre, Artus, qui se dit des­cen­dant de Cour­bet. Il vend quelques rares toiles et vit sur­tout des sub­sides de son frère, méde­cin à Ornans. Pré­tex­tant une dou­leur au pied, il se pré­sente comme patient pour le faire par­ler de son frère. Mais le pra­ti­cien diag­nos­tique un début de goutte et pré­co­nise un régime…
Quelle n’est pas la sur­prise de Mor­teau de retrou­ver Mon­ceau avec une jeune femme, qui n’est pas son type, dans les rues d’Ornans. Revenu à Besan­çon, en exa­mi­nant les comptes du couple Mont­fort, le com­mis­saire repère un retrait de 50 000 € en liquide, le 5 octobre 2005, quelques jours après le vol. Mais la sur­prise est encore plus forte quand, revenu à Ornans, par hasard, un avis de décès annonce la mort d’Artus. L’acte de décès a été signé par son frère qui fait inci­né­rer le corps…

Après le risque mor­tel à se pro­me­ner sur les murailles de la Cita­delle de Besan­çon, les deux poli­ciers se retrouvent sur les traces d’un tableau de Gus­tave Cour­bet, une toile qui va occa­sion­ner Deux enter­re­ments à Ornans. Ce duo impro­bable entre un com­mis­saire blan­chi sous le har­nais et un jeune ins­pec­teur tout frais émoulu de l’école de police fonc­tionne à mer­veille dans ce cadre roma­nesque. Si le pre­mier est pro­fon­dé­ment atta­ché à sa terre natale au point de refu­ser toutes muta­tions qui lui auraient per­mis de s’élever dans la hié­rar­chie poli­cière, le second ne jure que par Paris. Hors de cette ville, il consi­dère être déporté, au bagne, en souf­france mal­gré les contacts très agréables qu’il peut nouer avec quelques repré­sen­tantes de la popu­la­tion fémi­nine locale.
Le roman­cier enrobe une intrigue sub­ti­le­ment construite d’un atta­che­ment fort à la Franche-Comté, ses pay­sages, son mode de vie, ses vins et pro­duits ali­men­taires, ses spé­cia­li­tés culi­naires. Après avoir fait œuvre de guide tou­ris­tique pour la ville de Besan­çon et ses richesses archi­tec­tu­rales, il s’attache aux pas de Gus­tave Cour­bet, à la cité d’Ornans et ses envi­rons. Il cite nombre d’anecdotes sur le peintre, sur les lieux rete­nus pour des tableaux, sur la genèse de ceux-ci. Ainsi, il exis­tait bien trois ver­sions des Pay­sans de Fla­gey reve­nant de la foire. Le pre­mier tableau a été détruit, le second est au musée à Besan­çon et le troi­sième dans une col­lec­tion pri­vée. Pour les besoins de son intrigue, l’auteur a « emprunté » ce troi­sième tableau, l’a placé à Ornans avant de le faire voler.

Sébas­tien Lepe­tit maî­trise l’art du titre qui inter­pelle. Après Merde à Vau­ban pour les for­ti­fi­ca­tions de Besan­çon, il pro­pose L’origine du Crime pour un roman sur Gus­tave Cour­bet, l’auteur du célé­bris­sime L’Origine du monde. Ce roman poli­cier, aux mul­tiples facettes, rend hom­mage à un pré­cur­seur tout en offrant la lec­ture d’un récit pas­sion­nant pour ses per­son­nages atta­chants et pour le cadre dans lequel se niche l’intrigue.
Il donne une furieuse envie de suivre le par­cours de ce duo le temps de quelques vacances et de pro­fi­ter plei­ne­ment d’une gas­tro­no­mie “goû­tue” à défaut d’être “light”.

serge per­raud

Sébas­tien Lepe­tit, L’origine du Crime, Fla­mant Noir Édi­tions, avril 2016, 336 p. – 19,50 €.

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