Cuisiniers de toutes les républiques, unissez-vous !
« La cuisine russe est simple et nourrissante. Elle est composée de cinq plats de base qui n’ont qu’un seul but : remplir rapidement l’estomac. » Le constat déceptif ainsi dressé (mais les cinq plats ne sont pas nommés !) depuis l’Allemagne par les auteurs est aussitôt corrigé : la cuisine soviétique, elle, avait bonne réputation, n’ayant conservé que le meilleur de ses quinze républiques. La cuisine russe à l’étranger se limite à des noms folkloriques pour les établissements : le bortsch, les pelménis et les quenelles. Après une expérience douloureuse dans un « restaurant » en Allemagne, l’auteur et sa compagne ont décidé de consigner leur expérience de la cuisine soviétique (d’où le titre de l’ouvrage, au demeurant surprenant).
Pour rappeler le bon temps, la présentation est faite par république. S’ajoutent trois annexes au titre programmatique : « Les vrais Russes n’aiment pas le caviar », « La cuisine de maman », « la vodka ». Une carte à l’intérieur de l’ouvrage permet de resituer les territoires, ce qui est toujours utile lorsqu’il s’agit de contrées reculées…
L’ouvrage fourmille d’anecdotes, et suit toujours la même présentation : chaque république est présentée en quelques pages, au travers d’une histoire personnelle du narrateur, ou de jeux sur les clichés (« la pomme de terre biélorusse est la plus grosse du monde ») ; puis viennent quelques recettes en rapport avec la région, et qui ont souvent été évoquées dans le court texte de présentation. Elles sont ainsi mises en situation. Les recettes sont données brièvement, et n’appellent pas de remarques qui en parasiteraient la lecture, ce qui est appréciable et intelligent.
L’ouvrage propose une amusante promenade en ex-union soviétique, et des recettes bonnes et belles, simples, sans avoir l’air d’y toucher. Il se lit aussi bien comme un guide technique de cuisine que comme un récit personnel, ou même, à condition de ne pas tout prendre au premier degré, comme un guide ethnologique, la vraie connaissance des peuples passant par les pratiques de table.
yann-loic andre
Wladimir et Olga Kaminer, La Cuisine totalitaire, traduit de l’allemand par Max Stadler et Lucile Clauss, Gaïa, 2012, 192 p., 19 €.
En tant que jeune femme russe, j’admets que la cuisine russe est assez simple mais très savoureuse.