L’ensemble ne laisse pas de donner le sentiment d’une redondance
Certains des acteurs interviennent dans le hall, puis lorsque le public s’installe. L’action semble se construire progressivement, par le biais de quelques répliques, grâce à la mise en place des musiciens. C’est d’abord la rencontre d’une bande de compères, qui prend la forme d’une fête positivement désordonnée. On assiste à des jeux de scène inventifs, mais dont le sens ne s’impose pas. L’intention est de dynamiser la pièce par une scénographie décalée ; ainsi la spontanéité des attitudes contraste avec le caractère châtié du langage. On explore avec plus ou moins de bonheur un vaste spectre musical. La diversité des musiques, la générosité de Jean-Jacques Rouvière donnent une verve enjouée au spectacle, qui semble se nourrir de la frivolité des procédés utilisés, sans cependant parvenir à trouver son rythme avant la deuxième partie.
L’ensemble ne laisse pas, en effet, de donner le sentiment d’une redondance. La pièce, déjà un brin précieuse, risque de perdre en lisibilité du fait des sophistications de la mise en scène. On comprend bien que le metteur en scène travaille sur des effets de contraste, mais la finalité des procédés utilisés n’est pas suffisamment lisible. Heureusement, les moments graves de séduction sans fard sont traités au ras du texte. Cette œuvre semble déjà trop explicite pour être encore ouverte par des mises en valeur scénographiques. Toute cette équipée sans fil conducteur prend son sens à terme, dans les touchantes dernières scènes, présentées plus sobrement, juste nuancées de cocasserie. La représentation n’évite pas les longueurs, notamment dans ces intermèdes musicaux qui paraissent parfois traités pour eux-mêmes. Finalement cette version de Cyrano laisse un agréable souvenir ; elle apparaît comme un divertissement bien senti mais restant peu prégnant.
christophe giolito
Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand
Mise en scène : Olivier Mellor
Avec : Jean-Jacques Rouvière, Marie-Béatrice Dardenne, Adrien Michaux, Stephen Szekely, Fred Egginton, Rémi Pous, Dominique Herbet, Vincent Tepernowski, Denis Verbecelte, François Decayeux, Marie Laure Boggio, Michel Fontaine, Mylène Guériot, Karine Dedeurwaerder, Jean-Christophe Binet, Olivier Mellor, et Nicolas Auvray.
Lumière, régie générale : Benoît André ; musique originale : Séverin Jeanniard ; sénographie : Noémie Boggio et Alexandrine Rollin ; costumes, maquillages, coiffures : Héléne Falé ; son : Christine Moreau ; maître d’armes : Patrice Camboni.
Production : Compagnie du Berger, avec le soutien du Conseil Régional de Picardie, Conseil général de la Somme, DRAC Picardie, Spedidam, Comédie de Picardie, Commune de Curlu, Commune de Maurepas.
Compagnie du berger, 57 rue du Paraclet, 80000 Amiens, tel. 06.32.62.97.72 ; compagnie@compagnieduberger.fr
Relations publiques : Marie Chabredier ; groupes@comdepic.com ; tel. 03 22 22 24 77
Théâtre de l’épée de bois, Cartoucherie, route du champ de manœuvre, 75012 Paris, www.epeedebois.com
Du 6 novembre au 2 décembre, du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 18h, durée 3h.
Tarif de 10 à 18€.
Le texte de la pièce est paru en 1999 aux éditions Gallimard, dans la collection Folio.