Artiste émergeante, sans doute une des plus douées de sa génération, Katleen Victoriano est créatrice d’instinct ‚capable de tout métamorphoser par sa maîtrise du geste créateur et du regard. Elle est à l’aise avec le graffiti comme la photographie, domine les formes et les couleurs. Il lui manque seulement l’ambition de s’imposer. D’autres bien moins doués et performants qu’elle imposent leur à peu près. Elle, laisse ses œuvres bien trop dans l’ombre. Dans son œuvre, nul ne peut dire où s’arrête la dimension du monde et où commence celle du mythe. Elle est donc capable de créer des fables où le réel rejoint la lumière d’étoiles plus proches d’elle qu’elle ne le pense. Il lui suffit de laisser ses mains voir pour que le monde trouve une intimité inconnue et poétique.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je me dis que c’est un jour de plus qui me permet de me rapprocher de mes rêves et mes projets
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’ai la chance qu’ils soient toujours intacts !!! J’ai réalisé deux d’entre eux, qui étaient de voyager aux Etats-Unis et avoir beaucoup de tatouages sur le corps. Non je ne voulais pas être vétérinaire ou infirmière comme toute les petites filles (ou alors ça m’a très vite passé). Je crois que je voulais juste être quelqu’un de libre ! Et le troisième est en bonne voie pour se réaliser (mais par superstition je n’en dirai pas plus)
A quoi avez-vous renoncé ?
A pas grand chose finalement quand j’y pense…
D’où venez-vous ?
Une grenobloise pure souche.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Si je dis le mauvais caractère de ma grand-mère ça marche ? C’est plutôt une fierté pour moi d’ailleurs !
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Ecouter un morceau de jazz devant un coucher de soleil.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Peut-être ma remise en question perpétuelle. Je n’ai absolument aucune certitude. Mes choix artistique varient selon mon humeur, mes sentiments voire la météo !!!
Comment définiriez-vous votre approche du paysage ?
Je dirais toujours très urbaine. Même en pleine campagne il faut que j’ajoute des touches rock ou urbaines. Le genre robe à fleur et chapeau de paille n’a pas été créé pour moi je pense…
Quelle est la première image qui vous interpella ?
C’est dingue mais c’est une toile qui est exposée au musée de Grenoble que j’ai vue toute petite et qui, même aujourd’hui, me donne des frissons. Il s’agit du « Christ mort sur La Croix » de Philippe de Champaigne. J’adore ce tableau ! Il est d’une noirceur absolue mais il y’a une telle force qui en ressort. À chaque fois que je le vois je reste assise devant pendant un long moment. Comme la toute première fois où je l’ai vu. Et à chaque fois j’ai l’impression de découvrir quelque chose de nouveau. Un véritable chef-d’œuvre cette peinture!!!!
Et votre première lecture ?
Celle qui m’a marquée dans mes premières lectures en tout cas fut « Quand j’avais cinq ans je m’ai tué » d’Howard Buten. Elle fut celle qui m’a donné le goût de la lecture pour les années qui ont suivi.
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’écoute vraiment de tout ! De tous les styles et surtout de toutes les époques. C’est important d’être ouvert et sensible à tous les genre de musique. Et ça m’aide beaucoup pour mes créations. Et puis ma mère m’a appris à être éclectique.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Il y’a beaucoup de livres que j’ai adorés et je suis une fan absolue de Stephen King mais le livre que j’ai déjà relu 2 ou 3 fois est « l’Homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle. Il m’aide beaucoup à me recentrer.
Quel film vous fait pleurer ?
Sans hésiter « Hatchi » avec Richard Gere !!!
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Je vois un peu de mes grands-parents maternels, un peu de ma mère et surtout avec le temps et beaucoup de travail je vois apparaître l’adulte que je voulais être étant petite.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au président de la République pour lui dire tout le bien que je pense de lui !
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les Etats-Unis évidemment, et plus particulièrement Los Angeles.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
C’est pas évident de se comparer à d’autres artistes. On voudrait tous être unique. En tout cas, ce qui est sur c’est que j’aurais aimé avoir l’esprit d’Oscar Wilde et l’humour de Louis de Funès.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un ticket gagnant pour le Loto. A part ça, je ne manque vraiment de rien.
Que défendez-vous ?
Je suis particulièrement touchée par les personnes handicapées du fait de la situation de ma mère.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Ça me rappelle étrangement les raisons de mon divorce…
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Totalement d’actualité ! Plus personne ne s’écoute. D’ailleurs plus personne ne se parle ! Et je suis heureuse de vous parler aujourd’hui. M’avez-vous seulement écoutée ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Ce qu’on peut me souhaiter ? De nouvelles collaborations artistiques évidemment !!!!
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 18 juin 2018.
Félicitations, super interview ! On ne peut être que d’accord.… impose toi et oui je t’ai écouté,