L’écharpe des profondeurs intérieures
Par le biais du montage et du collage, Jacquie Barral n’exclut pas la possibilité de contresens mais la créatrice sait que celui-ci se corrige aisément. Et pour y parvenir, elle trouve une rythmique plastique capable de faire corps avec l’arrière-plan de deux écritures qui lui sont chères : celles de la poétesse Valentine Oncins et de Saint Jean de la Croix.
Leurs pensées spéculatives révèlent — par le biais d’une telle ponctuation esthétique — un ordre caché du monde que les mots n’épuisent pas. Dès lors, repoussant l’ordonnancement classique des images, Jacquie Barral franchit les limites du logos en des pans et fragments. Ils tiennent ensemble et deviennent l’organisme « vivant » de l’espace du dedans : celui de l’âme et/ou de l’inconscient.
Retenant des expressions les plus pures dans le jeu des formes, l’artiste contribue à l’édification d’un tel château qui nous fait autant que nous l’habitons. Transparaît le sentiment du mystère au moment les pans s’amassent pour se recouvrir (partiellement) les uns les autres.
Le montage devient à la fois le miroir, l’ultime instance, l’écharpe des profondeurs intérieures mais aussi leur aigue-vive là où le support de soie métallescente se métamorphose en épaisseur prégnante.
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jean-paul gavard-perret
Jacquie Barral, Le Château intérieur, Texte inédit de Valentine Oncins accompagné d’un extrait de Saint Jean de La Croix, Edition 2+3=5, collection “Boites d’archives”, 2018 — 120,00 €.