Le poids d’une vie écrite sans emphase
Edith Azam est restée plus ou moins « empêchée » dans son exercice d’admiration. Reprenant des pages de journal d’une jeune fermière anonyme, la poétesse a décidé de les commenter avec ses poèmes. Le tout avec componction, sympathie et aussi distance face à un tel mode de vie. Il est vrai que ce journal écrit au crayon date de 1945 et de la Libération. Par ailleurs, Odile Liger reprend les mots d’Edith à travers ses gravures qui donne une dimension extratemporelle au journal.
Prise en sandwich entre ses deux compagnes, la poétesse a du mal à se situer et le journal comme les images semblent plus intéressantes que le cœur du livre lui-même. D’un côté, le poids d’une vie écrite sans emphase, de l’autre des dessins qui ouvrent le futur. Et à Edith Azam la portion congrue.
Certes son texte n’est pas anecdotique mais il ne propose qu’un commentaire des « petits signes » d’une vie. En admiration implicite pour ces pages retrouvées, la poétesse ne semble pas pouvoir en déborder comme si elle était sidérée et interdite par le texte original.
jean-paul gavard-perret
Edith Azam & Anonyme, Le temps si long, Gravures d’Odile Léger, Atelier de l’agneau, St. Quentin de Caplong, 2018, 76 p. — 15,00 €.