Il faut se méfier de Gabrielle Jarzynski : « Ange de vipère, ciel de cette terre », la poétesse semble faire avec ceux qu’elle a sous la main. Elle fait avec leurs mensonges, leurs appels. Les siens aussi. Le tout pour le toutim : la pétrissure et la luxure. Avec corbeau, vautour, hyène au râtelier. Des fous aussi. Des poètes. Et des saltimbanques qui ne valent pas plus qu’eux.
Mais, au-delà de la couenne, l’amour ou ce qui lui ressemble et s’y rassemble se joue à deux entre les « jeux de draps et les pliures enfantines ». Mais rassurons-nous, la poétesse n’est pas dupe (ses derniers mots le prouvent – nous n’en dirons pas plus).
Dans le « champ de rencontre » il y a un bouquet de violettes mais aussi des anguilles aux «arêtes hivernales ». Au sein de ce magma, Vénus n’est pas forcément à sa proie attachée. Elle sait danser : mais ne comptez pas sur elle pour s’adresser à ses amants comme une femme amoureuse. Loin d’une poésie naturaliste comme de tout comportement agressif, elle descend dans l’arène avec ses montreurs d’ours et ses clowns.
Peut-être espère-t-elle le plus charmant des prestidigitateurs…
jean-paul gavard-perret
Gabrielle Jarzynski, Un Cirque, avec des intervention plastiques de Fred Drouin, Nicolas Le Bault, Karine Veyres, Lidia Kostanek, Florian Aymann, Elise Bergamini„ Smith Smith, Isabelle Cochereau, Editions de L’Aigrette, 2018.