Daniel Leuwers ramène à l’essentiel. Il sait que le temps passe et coûte. Il l’a appris de la vie. Et de la poésie. Les deux restent liés chez celui pour lequel la seconde permet au dur désir de durer de tenir. Le premier texte si émouvant (car sans lyrisme) de Temps est là pour le rappeler. Mais « ça suit son cours » comme disait Beckett ; « Le jour se lève / la nuit a bu la souffrance / comme éponge du jouir » ajoute Leuwers.
Chacun dans le capharnaüm du vivre enlace sa propre poésie à sa main. Certaines accumulent les amants, ce qui les laisse forcément dans les fossés de certains virages. Néanmoins, faisant partie du lot, l’auteur rappelle que « Le grand livre / c’est la mort / La petite, non la vraie » : dès lors, il vaut mieux la mauvaise pluie que ne plus l’entendre.
Atlas porte donc son monde, même s’il n’est pas assez musclé pour en faire un paradis. « Je crois toujours le miracle de l’amour possible » ajoute celui qui s’empresse d’acheter tous les livres où ce sentiment murmure. Ce fils du Maghreb y fait parfois retour sur les pas de son père et des écrivains qui aimèrent ce pays. Mais lorsque la mélancolie déborde, « le visage » du sexe d’une femme« dans les matins romains / ou les plaines du Tessin » offre plus qu’un pis-aller. Il s’agit chaque fois de quêter moins une terre promise qu’une paix.
Leuwers sait qu’elle est provisoire. Raison de plus pour la chercher.
jean-paul gavard-perret
Daniel Leuwers,
- Atlas et paradis, Al Manar éditions, 2018, 40 p. — 15,00 €.
- Temps, Editions Pourquoi viens-tu si tard ?, Nice, 2017, 142 p. — 15,00 €.
Si le livre pauvre est le génie de Leuwers , ” Atlas et paradis ” devient synergie de vie et poésie .
JPGP toujours à l’apogée des mots pour le dire .