La série Les Reportages de Lefranc a été imaginée par Jacques Martin, célèbre aussi dans l’univers de la vande dessinée, pour sa mythique série Alix. Après son décès, le héros continue ses aventures sous la houlette de différents auteurs. Ce nouveau tome est scénarisé par Roger Seiter, dessiné par Régric et mis en couleurs par Bruno Wesel, un trio qui n’en n’est pas à sa première intrusion dans l’univers du journaliste.
En novembre 1956, au sud de l’Australie, un avion qui survole un étrange navire est abattu par un missile. Une semaine plus tard, Guy Lefranc, journaliste au Globe, accompagné de Jean Duval un boxeur amateur, arrive en Australie pour couvrir les jeux olympiques qui vont se dérouler à Melbourne. La tempête a contraint les pilotes à poser l’avion à Perth, loin de la destination finale. Dans l’aéroport ils retrouvent Janet Kear qui travaille pour le New-York Times.
Au même moment, vers le stade où doit se dérouler la cérémonie d’ouverture, une silhouette encagoulée pose des balises. Alors qu’il ne lui en reste qu’une à mettre, elle est surprise par deux policiers en patrouille. La voyant fuir, l’un d’eux tire. Ils découvrent un visage de femme quand la cagoule est retirée.
À Perth, Jean apprend qu’une compagnie possède un avion capable de voler dans la tempête, qu’il peut transporter une cinquantaine de passagers. Un groupe, avec les héros, embarque. Mais le mauvais temps à raison de l’avion. La foudre incendie des moteurs et, alors que le pilote tente sur des flots déchaînés de réaliser un amerrissage, Janet aperçoit un navire. Tant bien que mal l’avion se rapproche d’un énorme navire où, autour de lui, la mer est calme. Un ascenseur monte tous les passagers à bord alors qu’un coup de canon détruit la carcasse de l’avion. Ils sont accueillis par des hommes qui pointent des fusils sur eux. Une voix sortant d’un haut-parleur donne quelques explications. Mais, très vite, ils se sentent prisonniers, menacés et …tout dérape. Guy Lefranc va avoir fort à faire pour sortir du piège où ils sont tombés…
Ce sont les jeux olympiques de Melbourne qui servent de point d’ancrage à l’intrigue, une intrigue qui se déroule, non pas sur la terre ferme de l’Australie, mais essentiellement sur l’océan. Utilisant les événements historiques tels que l’impact psychologique de la bombe d’Hiroshima, les conflits comme, à l’époque, l’invasion de la Hongrie, la guerre du canal de Suez, le scénariste imagine une action destinée à imposer la paix à la Terre entière même s’il faut en passer par le meurtre.
Coordonnant la cérémonie d’ouverture avec la volonté d’arrêter les conflits, l’intrigue déroule ses péripéties sans temps morts. Mais le héros et ses amis sont soumis à rude épreuve jusqu’à…
Le dessin de Régric est réaliste et conforme à l’esprit de la série. Il avait été retenu par Jacques Martin lui-même pour ses qualités graphiques. Il a ainsi eu l’occasion de réaliser des albums des Voyages de Lefranc, consacrés à l’Histoire de l’Aviation. Depuis, il a participé à la réalisation de six reportages de Lefranc. On retrouve le classicisme des albums des années 1950 avec une mise en images bien cadrée, avec des cartouches nombreux et bien remplis. Cependant, la mise en scène est dynamique et les personnages sont stables tout au long de l’album.
Les auteurs respectent ainsi à la lettre le cahier des charges mais offrent un album plaisant à lire avec une intrigue bien ficelée et un graphisme qui rappelle le “bon vieux temps”.
serge perraud
Roger Seiter (scénario), Régric (dessin) & Bruno Wesel (couleurs), Lefranc — t.29 : La Stratégie du chaos, Casterman, avril 2018, 48 p. – 11,95 €.