Arleston, Labrosse, Moréa, tome 2 et 3

Inven­ti­vité, action et trait réa­liste au ser­vice d’un scé­na­rio mené tam­bour battant…

Moréa Dolo­niac a tout pour elle, et même beau­coup plus que la plu­part des mor­tels qui vou­draient riva­li­ser avec elle : seule res­ca­pée d’une vague de mas­sacres fami­liaux l’ayant lais­sée seule héri­tière de la DWC, une des plus grosses com­pa­gnies méta-nationales du monde, elle dirige désor­mais d’une poigne de fer un hol­ding sans équi­valent. A la fin du XXIe siècle, Cuba est deve­nue la capi­tale des nou­veaux empires éco­no­miques, et les sédi­tieux ne manquent pas , qui rêvent de mettre la main sur les futurs tré­sors indus­triels que concoctent les labo­ra­toires de la DWC. Mais cela n’est pas pour effrayer Moréa, qui s’est à son tour fait assas­si­née… avant de reve­nir à la vie — car la belle est dian­tre­ment immortelle !

Elle fait par­tie du clan des bien­veillants Dra­gons qui luttent depuis tou­jours contre les Anges qui veulent le mal­heur de l’humanité. Deux enti­tés qui pos­sèdent des pou­voirs qui trans­cendent lar­ge­ment ceux des hommes et que Moréa va apprendre à connaître davan­tage au fil de ses aven­tures. Cette fan­tai­sie séman­tique liée au ren­ver­se­ment du sens habi­tuel des termes (Anges/Dragons) n’est pas la moindre des pépites de cette série, qui est un vrai régal pour l’amateur de sen­sa­tions fortes. Il faut dire que la super héroïne du scé­na­riste de Lan­feust et des Trolls de Troy à de qui tenir puisqu’on peut la situer quelque part entre High­lan­der et Largo Winch. Heu­reu­se­ment, elle reçoit les conseils avi­sés de Ter­kio, Dra­gon che­va­lier du XIIIème siècle qui veille sur elle et la pro­tége de ceux qui sou­haitent son éra­di­ca­tion.
Dans ce tome 2, Moréa et Ter­kio partent sur les traces d’une bac­té­rie qui per­met­trait l’accélération de la ter­ra­for­ma­tion de mars et qu’un des savants de DWC à dérobé à l’une de ses col­lègues avant de l’exécuter. Une enquête avec moult rebon­dis­se­ments qui emmène le duo de choc aux Etats-Unis deve­nus pays du Tiers-monde sou­mis à la coupe d’une junte dictatorial…

L’inven­ti­vité, l’action, le trait réa­liste au ser­vice d’un scé­na­rio mené tam­bour bat­tant sont les qua­li­tés pre­mières de Moréa, qui se lit tout seul, emporté qu’est le lec­teur par la recru­des­cence, sous le soleil d’un Miami new look, de com­bats, de morts san­glantes et d’explosion. Ajou­tez à ce cock­tail déton­nant quelques beaux corps en goguette et vous obte­nez une petite bombe que seule vient désa­mor­cer la fin de L’Echine du Dra­gon, laquelle nous laisse hale­tants quant au sort de la divine (mais dan­ge­reuse) Moréa…

Année 2082. Enquê­tant sur le vol d’une bac­té­rie sus­cep­tible de per­mettre la ter­ra­for­ma­tion de Mars, Moréa, ancienne secré­taire de la DWC deve­nue femme la plus riche du monde, a été enle­vée par les « anges » pour subir des expé­riences à bord d’une mys­té­rieuse sta­tion orbi­tale multiséculaire.

Si on avait été agréa­ble­ment sur­pris par le deuxième tome, celui-ci nous ravit tant les rebon­dis­se­ments se suc­cèdent : la psy­cho­lo­gie des per­son­nages com­mence à prendre davan­tage forme ; quant au scé­na­rio qui per­met main­te­nant à une Moréa sexy de tra­ver­ser en tenue d’Eve (dieu du ciel bédéique, quelle plas­tique !) un por­tail de télé­por­ta­tion qui va la mener sur à la pla­nète Mars à la ren­contre d’un degré sup­plé­men­taire de com­pli­ca­tion de l’intrigue, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne fait pas dans la mol­lesse consen­suelle. Il s’agit désor­mais pour le lec­teur de com­prendre la nature du conflit qui oppose ces anges et ces dra­gons New Age, et en quoi Moréa inté­resse les pre­miers. Cela sous un déluge de com­bats, d’expolsions et autres cana­ra­dages hig tech…

Pour toutes ces rai­sons, Moréa se donne comme une série B qui nous semble ne pas avoir reçu l’accueil qu’elle mérite car le fan­tas­tique et la science-fiction y nou­rissent un mélange constant avec l’humour, et le lec­teur en prend plein les mirettes à chaque page. Un dyna­misme qui accom­pagne l’ambivalence de chaque per­son­nage, y com­pris la bim­boesque héroïne rousse elle-même, tou­jours à mi-chemin du bien et du mal. Bref, les condi­tions idéales pour main­te­nir en haleine jusqu’au troi­sième opus !

fre­de­ric grolleau

Arles­ton, Labrosse, Moréa ,
-  tome 2 : “L’Echine du Dra­gon”, Soleil, 2002, 48 p. — 12,50 €.
-  tome 3 : “Le feu du temps”, Soleil, 2004, 48 p. — 12,50 €.

 

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