Jim, Une nuit à Rome — Livre 3

Retour à Rome…

Ce troi­sième volet d’une série qui conte les ren­contres entre Marie et Raphaël, leur liai­son, leur sépa­ra­tion, leurs ser­ments de se retrou­ver à leurs anni­ver­saires, s’ouvre sur une intro­duc­tion dra­ma­tique. Raphaël, dans une rue, res­sent les attaques d’un infarc­tus car­diaque. À ceux qui le secourent, il tente de faire com­prendre qu’il faut pré­ve­nir Marie qui est là, tout près. Des images défilent à un rythme sou­tenu sur ses filles, sur sa mère et ses réflexions, mais sur­tout sur Marie, Marie le seul amour de sa vie.
Puis le récit revient quelques années en arrière quand Sophia le quitte pour un nou­vel homme, un mec sym­pa­thique qu’il ne peut même pas détes­ter. À quarante-six ans, il emmé­nage dans un appar­te­ment d’étudiant, il change de tra­vail et s’étourdit dans son nou­veau poste. Il tente de convaincre Marie de se revoir. Elle reste inflexible, répon­dant qu’il ne reste que quatre ans ! Et le grand jour arrive. Il a invité à Rome tous ses amis et quelques col­lègues pour les convier aux obsèques de sa jeu­nesse dans un appar­te­ment que lui prête son direc­teur com­mer­cial. Il a, bien sûr, envoyé une invi­ta­tion à Marie en lui deman­dant de ne pas le pré­ve­nir de sa venue… en la pres­sant, cepen­dant, de venir.

L’his­toire de ce couple a enthou­siasmé nombre de lec­teurs car soixante-dix mille albums ont été ven­dus en France. Ce retour, bien que non prévu ini­tia­le­ment, va réjouir un large public. Pour ce nou­veau cycle, en deux épi­sodes, Jim s’est arrêté à cin­quante ans pour plu­sieurs rai­sons. La cin­quan­taine est l’âge que l’auteur atteint, il sait donc bien de quoi il parle. Cet âge marque éga­le­ment une étape cru­ciale. Les choses sont moins légères. Le nombre des dif­fi­cul­tés, tant phy­siques que psy­chiques, qui voient le jour sont en nette pro­gres­sion. C’est, entre autres, la dimi­nu­tion d’hormones qui entraînent quelques modi­fi­ca­tions cor­po­relles qui ne sont pas sans consé­quences tant pour les hommes que pour les femmes.
L’idée de la mort est de plus en plus pré­sente avec, par exemple, la mala­die ou le décès de proches, de parents.

Jim a conçu deux per­son­nages par­ti­cu­liè­re­ment atta­chants dont on ne per­çoit pas vrai­ment la nature des liens qui les réunissent. Marie et Raphaël sont nés le même jour, ils se sont connus jeunes mais n’ont pas voulu s’unir l’un à l’autre. Quoi que ! Ils ont envie d’être proches sans vou­loir se rap­pro­cher. Ils fixent ainsi des étapes loin­taines pour des retrou­vailles ponc­tuelles. Après leurs vingt ans, c’est à la qua­ran­taine qu’ils ont revécu une nuit très forte.
Ce rendez-vous à la cin­quan­taine est moins léger, la der­nière décen­nie a été dif­fi­cile tant pour l’un que pour l’autre. Com­ment est-elle aujourd’hui ? Ces der­nières années ont-elles affecté sa beauté, sa personnalité ?

Avec un coup de crayon effi­cace, Jim anime ses per­son­nages. S’il par­vient à vieillir Raphaël, il semble avoir plus de mal avec Marie qui est tou­jours aussi belle. Son des­sin réa­liste fait mer­veille, enjo­livé de façon magni­fique par la mise en cou­leurs de Del­phine.
Un nou­veau tome fort réussi, bien construit, pro­fon­dé­ment humain, à la fois dra­ma­tique et léger qui fait attendre, avec impa­tience, la suite… et fin (peut-être ?).

serge per­raud

Jim, Une nuit à Rome Livre 3, Edi­tions Bam­boo, coll. “Grand Angle”, avril 2018, 104 p. – 18,90 €.

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