Thomas Hauri est devenu un artiste important de la scène internationale. Il possède le mérite de “retourner” l’image contre elle-même dans divers jeux de trompe-l’oeil et de vertige. Se crée le théâtre renversé de biens des systèmes de représentation et de lecture des images. Leur pouvoir est remis en cause par le plaisir et l’outrage accomplis et répétés par l’artiste. Le caviardage régente ironiquement une nouvelle évidence en des éléments d’architecture. Ils deviennent souvent des prélèvements reconstitués sous forme de bondage.
Les constituants fondamentaux réinterprétés font prendre conscience à la fois des limites de tout discours et de la richesse de l’image. Bref, Hauri prouve que l’image vaut des milliers de mots — à la condition de la dégager de ses assises. L’œuvre dans ses formes exprime donc l’indicible. L’architecture y devient l’objet transitionnel par excellence
Sur l’artiste : Ines Goldbach, Thomas Hauri, Kunsthaus, Bâle, 2016.
ntretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie de manger.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Il y a ceux qui ont disparus, ceux qui sont réalisés et ceux qui restent à réaliser.
A quoi avez-vous renoncé ?
C’est difficile à dire. On décide de faire quelque chose et avec cette décision on renonce à autre chose.
D’où venez-vous ?
Je ne sais pas.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Etre sceptique et être attentif.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Cuisiner et manger.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
J’utilise l’aquarelle comme on ne l’utilise pas normalement.
Comment définiriez-vous votre approche de l’espace ?
L’espace est pour moi toujours une référence, quand je suis en train de peindre. Je me demande si l’oeuvre s’ouvre ou se ferme, si c’est une surface ou un endroit, si c’est plat ou profond ou les deux en même temps.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une image dans un rêve.
Et votre première lecture ?
Je crois que c’était “Struwwelpeter”.
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’ai mes preférences dans des genres musicaux très différents. En faire la liste serait trop long.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Sucre de Pastèque” — Richard Brautigan, “Le Château” — Franz Kafka.
Quel film vous fait pleurer ?
“Kaspar Hauser” de Werner Herzog, par exemple.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Mon reflet, pas vraiment moi.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au Père Noël.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Congiunta de Peter Märkli.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Actuellement les artistes dont le travail est “impur” et dont l’usage d’un médium est hybride. Et les écrivains : Thomas Bernhard, Richard Brautigan, Franz Kafka, W.G. Sebald
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Surtout pas une fête surprise.
Que défendez-vous ?
Vivre libre.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
En certains cas cela peut être ainsi.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Je préférerais que la réponse soit non.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Ce que je déteste par-dessus tout ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 26 mai 2018.