Pierre-Armand Gette sait que dans le mot vénérer il y a Vénus. Et pour lui toutes les femmes en sont une. Il ne les quitte pas. Ces Vénus deviennent donc des Méduses : à savoir celles qui entravent la fuite et dont, contrairement à leur modèle antique, l’artiste sait qu’il ne faut pas les fuir car ce serait mourir. Le créateur reste un maître d’Eros : par l’image des femmes, le songe s’élève face au sommeil éternel. Car la femme inscrit l’homme dans le temps. Pour les en remercier, Gette en fait toujours des sirènes et des sphinges. Elles sont des puissances rapaces mais en un seul sens : elles dévorent la mort.
Frappé d’immobilité et de stupeur face à de telles statues vénusiennes, l’artiste ne « Gette » pas l’éponge : au contraire il les lie au vivant et à la nature même. Plongé lui-même dans la pétrification (de l’érection ?), il caresse la grotte qui répond à la nuit de l’être par l’éclat de la jouissance du « visage » pubien.
Et même si tout est « vénénoeud », le désir n’est pas forcément attrapé par la queue. Certes, l’arbre de vie du vit pénètre la forêt des songes : que demander de mieux ? Et l’œuvre suit son cours dans une impeccable fatrasie d’un imaginaire pour que des noces aient lieu. Elles n’ont rien de cendres tant les fruits délictueux sont délicieux.
Les œuvres restent habitées de mille ladies des plus ébouriffantes, donc forcément elles décoiffent. Entre autres dans des gerbes zizaniques et en des outrages cathartiques qui rendraient malades les Cathares. Que les amateurs de pudibonderie passent outre de telles pérégrinations. Qu’ils sachent néanmoins l’important : y a chez Gette plus d’un Stendhal de De l’amour aux messes câlines que d’un Michaux à la mescaline.
jean-paul gavard-perret
Paul-Armand Gette, De Cyprus à Vénus, éditions Yvon Lambert et exposition à la galerie du 2 au 10 juin 2018.