Bertrand Robert — contre l’esthétique du paraître — tente de transcrire combien la question de l’identité est prépondérante. Il questionne l’image et transforme son potentiel photographique de représentation. Si bien que chacune d’elles a du mal à être définie : le corps de la femme et son environnement apparaissent puis se troublent, il n’y a rien de stable, rien de résolu.
Une telle expérience construit et déconstruit en une saisie fragmentaire et l’exaltation de la recherche d’un sens. La question reste la suivante : jusqu’où sommes– nous étrangers à nous-mêmes par ce que font les autres de nous et ce que nous faisons à nous-mêmes ?
De telles œuvres font donc parler le silence et insistent sur sa force de remontrance et d’empêchement. L’artiste impose une nouvelle donne là où les jeux semblent déjà faits. Le corps sort de la domestication initiée par la seule consommation du voyeur. Néanmoins, la partie n’est pas gagnée. Ce corps semble parfois en perdition.
Mais Bertrand Robert ne joue avec lui, n’en jouit pas à sa main. Il le dispose pour le réactiver selon une stratégie de rapprochement et d’éloignement. Le corps reste « habillé » de contrastes puissants avec qui il est et le contexte de sa présence.
Des contrastes qui traduisent sa vulnérabilité mais aussi sa propre reprise en mains en ce questionnement.
jean-paul gavard-perret
Bertrand Robert, [sous] entendu(s), exposition, Galerie Ségolène Brossette, Paris, du 8 juin au 21 juillet 2018.