Jean des Cars, Le hameau de la reine. Le monde rêvé de Marie-Antoinette

Le hameau de Marie-Antoinette

Tria­non, le hameau de la reine… ces mots font encore rêver de nos jours. Ils évoquent la dou­ceur de vivre de la fin de l’Ancien régime, des der­nières années du règne de Louis XVI et des bon­heurs de la reine Marie-Antoinette qui y trouva un havre de paix. Une sorte de « monde rêvé » dit Jean des Cars dans le plai­sant ouvrage super­be­ment illus­tré qu’il lui consacre.
L’auteur, qu’on ne pré­sente plus, rap­pelle l’histoire de ce lieu par­ti­cu­lier qu’est Tri­anon, ce bijou d’élégance niché dans le parc de Ver­sailles, où les rois Bour­bons trou­vaient la tran­quillité qui les repo­sait du spec­tacle per­ma­nent qu’était leur vie offi­cielle. Puis il se concentre sur la créa­tion du hameau par Marie-Antoinette en le remet­tant dans le contexte de ce pen­chant pour la nature, la cam­pagne et les tra­vaux des champs qui imprègne toute l’élite de l’Ancien Régime.

Le lec­teur décou­vrira les cou­lisses de la construc­tion des « chau­mières » qui, der­rière des dehors en effet très rus­tiques, cachaient des décors aussi élé­gants que raf­fi­nés. Mais il appren­dra aussi que la reine avait voulu l’installation d’une véri­table ferme dont les pro­duits nour­ris­saient les pri­vi­lé­giés invi­tés aux fêtes cham­pêtres. Car ce fut cela le hameau : une mai­son de cam­pagne dans laquelle la famille royale ne dor­mait pas.
Oui, un monde rêvé qui était celui de Marie-Antoinette et de sa légè­reté, de son goût pour ce qui était à la mode au XVIIIe siècle. Mais aussi l’expression de sa souf­france de vivre dans la cage dorée de Ver­sailles, de sa dif­fi­culté à exer­cer les devoirs de sa charge. « Nous nous devons tout entier au public » avait dit Louis XIV. La reine ne le pou­vait pas. Et on sait à quel point ce retrait ali­menta les obs­cènes calom­nies qui furent déver­sées sur cette mal­heu­reuse sou­ve­raine qui dut attendre d’affronter la vio­lence et la mort pour se révéler.

Le hameau de la reine qui vient d’être réou­vert au public consti­tue un miroir de ce que fut la monar­chie et la société fran­çaises d’avant le Grand Cata­clysme qui l’emporta avec le reste de la civi­li­sa­tion du XVIIIe siècle.

fre­de­ric le moal

Jean des Cars, Le hameau de la reine. Le monde rêvé de Marie-Antoinette, Flam­ma­rion, 2018, 215 p. — 23,90 €.

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