France Dubois, Homesick (exposition)

Les dou­leurs sub­tiles selon France Dubois

Pour cette série d’autoportraits, France Dubois s’est trans­for­mée en fan­tôme. Celui de diverses défuntes lais­sées dans une mai­son tra­di­tion­nelle japo­naise. Dans ce lieu, elle s’est intro­duite sous formes d’hapax flot­tant où se crée en germe une nar­ra­tion pos­si­ble­ment macabre.La mai­son nip­pone devient une pri­son où de tels fan­tômes reviennent pour infli­ger une peur jaune ou blanche à ceux qui les ont trau­ma­ti­sés. Néan­moins, la mai­son est moins celle de l’effroi et du trauma que d’un cer­tain humour.
France Dubois crée des moments de sus­pens entre dou­ceur quasi dia­phane et dou­leur. Ins­pi­rée une nou­velle fois par la culture japo­naise, l’artiste belge fait vibrer le réel dans des pro­diges d’immobilité et d’équilibre. Les femmes incar­nées par la créa­trice semblent des aven­tu­rières sur­vi­vantes d’un crash de la réa­lité là où les faits  humains sont condi­tion­nés par le mystère.

Ce tra­vail reste de l’ordre d’un manie­ment cal­culé des rap­ports de l’art au monde. Le plas­ti­cienne fait sur­gir des objets-images en évi­tant l’entrée en jeu d’un signifiant-maître au sein d’une « éva­po­ra­tion » pro­gram­mée. L’artiste opère une sub­ver­sion à l’intérieur d’un sys­tème bien huilé.
Elle ren­voie au pre­mier temps de la méta­phore puisque faire appel à son détour revient à sou­li­gner une vio­lence d’un monde confit et constipé par la pré­sence du mâle qui, ici, disparaît.

jean-paul gavard-perret

France Dubois,  Home­sick, Chantier(s) Art House, Bruxelles, du 11 mai au 2 juin 2018.

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