Des noms au parcours sanglant…
Thierry Gloris et Jaime Calderón avaient uni leurs talents respectifs pour un diptyque sur Isabelle de France surnommée La louve de France (Delcourt). Ils récidivent avec cette nouvelle série portant sur la lignée des Valois, lignée qui succéda aux Capétiens directs avant d’être évincée par les Bourbons en la personne d’Henri IV. Charles VIII est au pouvoir depuis dix ans quand commence le récit.
À la mort de Charles IV, en 1328, les pairs de France exhument l’antique loi Salique pour détourner les Plantagenêts du trône et privilégient une branche cadette de la lignée des Capétiens, les Valois. Il leur a fallu “une guerre de Cent ans” pour conquérir ce trône avec le traité de Picquigny en 1475.
En 1493, à Barcelone, le jeune Blasco de Vilallonga apprend que la jeune fille qu’il aime va épouser Carlos Manrique Lara. Après le duel avec son rival, il doit fuir.
À Amboise, Henri Guivre de Tersac sollicite un emploi de chevalier auprès de messire de Brie. Ce diplomate n’a qu’un emploi de secrétaire à lui proposer. Comme il doit gagner sa vie, il accepte.
Maximilien d’Autriche demande la restitution de la Franche-Comté et de l’Artois à Charles VIII qui voit là un affront.
À Rome, le goûteur du pape Alexandre VI est empoisonné. Ce Borgia ordonne à Juan, son fils chéri, de trouver le coupable. Un homme torturé donne le nom de Della Rovere. Ce dernier est en route, avec messire de Brie et Henri, pour Florence, en mission diplomatique. Della Rovere exprime sa haine pour ce Borgia qui a été élu à sa place.
Dans une auberge, Henri rencontre Blasco. Bien qu’ils se détestent dès le premier regard, les événements vont les obliger à faire cause commune…
Plutôt que de proposer un récit linéaire axé sur les principaux Valois, Thierry Gloris appuie son intrigue sur deux personnages historiquement très secondaires mais qui permettent une mise en scène des principaux morceaux de bravoure des tenants de la lignée. Il offre ainsi un récit très dynamique faisant intervenir les hauts personnages de l’époque aux appétits féroces, prêts à toutes les alliances de circonstance.
Ainsi, Charles VIII est jeune et ambitieux. Il rêve de gloire, d’une nouvelle croisade, de reprendre le royaume de Jérusalem. La maison d’Anjou est suzeraine du royaume de Naples conquis, en son temps, par le frère de Louis IX. Il estime légitime, en tant qu’héritier, de faire valoir ses droits sur ce territoire, une région qui est une belle plateforme pour s’embarquer vers les Lieux Saints.
Jaime Calderon, avec son dessin réaliste, offre des pages superbes. Les visages sont de véritables portraits et les décors brillent par leur pertinence. La représentation des costumes, des accessoires est parfaite. Le choix des angles de vues, la mise en page concourent à une mise en valeur du scénario de façon remarquable. Les couleurs de Felideus renforcent la féerie graphique pour des pages étonnantes.
Un premier album marquant par la qualité et le dynamisme de l’intrigue, par un graphisme tout aussi fameux !
serge perraud
Thierry Gloris (scénario), Jaime Calderón (dessin) & Felideus (couleur), Valois – t.1 : Le Mirage italien, Delcourt, coll. “Histoire et Histoires”, janvier 2018, 48 p. – 14,50 €.