Le miracle d’un imaginaire de reconstruction
Ce cahier représente la première étude critique en France sur de l’œuvre de J. C. Oates. Les auteurs ont repris ce que des spécialistes américains ont levé comme piste dans les labyrinthes de celle qui voulait faire rentrer toute l’Amérique dans ses romans. Au regard des chercheurs s’ajoutent des témoignages de son biographe et d’amis ainsi que des textes inédits de la romancière dont une partie de sa correspondance avec sa grand-mère, avec Russell Banks et un important corpus iconographique.
Joyce Carol Oates s’est imposée dès ses premières nouvelles comme un écrivain à l’envergure particulière : elle fait figure de classique dans le paysage littéraire américain mais n’hésite pas à écrire (par exemple sur twitter) des uppercuts sur la boxe et bien d’autres sujets afin d’offrir « sa » vision de l’Amérique. Mais celle-ci vaut bien des laïus et des interprétations.
Au besoin, l’auteure s’amuse avec le corps de ses héros comme une gamine avec sa poupée Barbie. Toutefois, elle a l’intelligence de ne pas dégommer les mythes de manière trop fractale afin de laisse un doute au doute. Mais le côté agréablement iconoclaste est constant chez celle qui feint de jouer la prophétesse. C’est pourquoi, à tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l’Amerique, il vaut mieux le « mentir vrai » de la romancière que les élucubrations pseudo-réalistes de milliers de bricoleurs.
Tout repose chez elle sur le miracle d’un imaginaire de reconstruction. Il n’est pas un à-côté de la vie, c’est même l’inverse. Si bien que le cortège des existences suit son cours lorsque les chiens de désespoir aboient rageusement sur son passage : J. C. Oates les dresse pour façonner avec eux des significations.
jean-paul gavard-perret
Collectif, Cahier de l’Herne J.C. Oates, Dirigé par Tanya Tromble & Caroline Marquette, Editions de L’Herne, Paris, 2018 — 33,00 €.