The Promised Neverland un manga shônen de suspense fantastique avec au scénario Kaiu Shirai et au dessin Posuka Demizu. Il s’agit de leur tout premier manga publié en août 2016 dans le très célèbre Weekly Shônen Jump, un magazine de prépublication japonais. Dans ce premier tome nous faisons la connaissance des trois personnages principaux qui sont des enfants âgés de 11 ans vivant dans un orphelinat complètement coupé du monde.
Emma, Norman et Ray y vivent au jour le jour en s’amusant dans l’immense bâtisse délimitée par une enceinte fortifiée et une barrière qu’ils ont interdiction de franchir « pour leur propre sécurité ». Cependant, les enfants ne font pas que s’amuser, l’orphelinat possède une particularité : chacun des enfants est numéroté et subit une série de tests quotidiens dont seuls les meilleurs sont acclamés. Bien que face à ce rituel épuisant, les enfants se donnent de tout cœur à ces examens qu’ils ont assimilés à une routine afin d’avoir les félicitations de leur chère « Mama ».
Mais malgré tout le bonheur qui règne dans l’orphelinat, il arrive qu’il y ait aussi des moments de peine notamment quand un des enfants est adopté et que les autres doivent faire leurs adieux. Un soir, alors que Mama amène une petite fille appelée Conny, à ses nouveaux parents, Emma et Norman vont briser les règles en sortant de la maison pour ramener la peluche de l’enfant qu’elle a oubliée. C’est alors qu’ils vont faire une découverte macabre…
Non seulement ils tombent sur le corps sans vie de Conny, mais également sur ceux qui sont venus la chercher : des énormes monstres à l’anatomie disproportionnée qui parlent des êtres humains comme de la nourriture. Ils apprennent très vite la vérité. Grace Field House n’est pas un orphelinat, mais une ferme où les enfants sont élevés comme du bétail afin de servir à manger pour ces monstres et Mama n’est en aucun cas aussi bienveillante qu’elle le laisse paraître mais un allié des monstres chargés d’élever les enfants.
Réussissant à ne pas se faire repérer et à retourner à l’orphelinat, Emma et Norman vont également réaliser avec Ray qu’ils sont les prochains sur la liste. Il ne leur reste que quelques semaines pour tenter de s’échapper avec tous leurs frères et sœurs et découvrir le monde dans lequel ils vivent…
Ce manga se base sur des angoisses propres à tout être humain : l’enfance et la peur de l’inconnu. Pour une fois, on ne suit pas l’aventure de jeunes adultes mais de jeunes enfants de 1 à 11 ans. Ce jeune âge amène plusieurs effets très spécifiques. En premier lieu, cela amène une tension supplémentaire car les personnages ne peuvent pas se défendre et s’en sortir seuls. Dans ce manga, les protagonistes sont faibles et n’ont aucune chance de survivre s’ils commettent la moindre erreur, d’autant plus qu’ils doivent combattre celle qu’ils considéraient comme leur propre mère. Ensuite, cela amène une certaine innocence concernant les personnages, on peut comprendre la difficulté d’appréhender le monde qui les entoure. Et enfin, le fait de suivre des enfants va apporter un certain changement au niveau des perspectives (entre autres graphiques). En effet, tout apparaît beaucoup plus grand et effrayant ; ce qui, avec les points précédents, renforce le sentiment d’insécurité et de menaces constantes.
Cela étant, l’intrigue ne se repose pas seulement sur le fait de suivre des enfants mais surtout sur la notion d’inconnu. Ce qui fait « peur » dans The Promised Neverland ce n’est pas ce que l’on voit, mais ce qu’on ne voit pas. Ce sentiment d’insécurité qui accompagne le lecteur tout au long du manga passe aussi aux travers des dessins. Là où les enfants peuvent paraître assez « cartoonesques » avec un trait léger, fin et très lumineux, on a tout d’un coup les monstres qui apparaissent avec un trait brut, marqué, très sombre, déchirant l’espace — ce qui intensifie le sentiment de malaise, renforcé par les expressions des rares adultes présents dans le manga, dont on ne connait jamais vraiment la réelle signification.
Le suspense est très bien amené avec des protagonistes très intelligents et profonds, à la personnalité très nuancée, et chaque fin de chapitre est terminée par un « cliffhanger » qui donne irrésistiblement envie de lire la suite.
flavy giannini
Kaiu Shirai & Posuka Demizu, The Promised Neverland, tome 1