Matka (Stanislaw Ignacy Witkiewicz / Elizabeth Czerczuk)

Une expres­sion pathé­tique de la pathologie

On est accueilli dans un espace à voca­tion intime, inti­miste même : invi­tés à patien­ter au bar, dans un lieu feu­tré où un diseur de poèmes récite méca­ni­que­ment des ver­sets à la demande. Une fois dans la salle, le public s’installe sur un plan incliné recou­vert de pelouse syn­thé­tique. Lorsque le spec­tacle com­mence, on est averti qu’il s’agira de forme pure, théo­rie dra­ma­tique de Wit­kie­wicz. L’intervention d’un spec­ta­teur agacé est l’occasion de pro­duire une gêne simu­lée.
Sur la scène, le jeu est sur­ex­pres­sif, les comé­diens font montre d’une exu­bé­rance dont on veut espé­rer qu’elle soit déli­bé­rée. La repré­sen­ta­tion est ryth­mée par des musi­ciens ins­pi­rés et par six dan­seuses ani­mées par une cho­ré­gra­phie tout à la fois méca­nique et déliée qui se veut la méta­phore d’une lutte chao­tique pour la conquête de soi.

Un spec­tacle à pré­ten­tion spé­cu­la­tive, sur un ton exces­sif. Le décor consti­tué par des miroirs mobiles per­met de nom­breuses varia­tions de reflets. Pour la der­nière par­tie de la repré­sen­ta­tion, les spec­ta­teurs sont conviés à se dépla­cer par les dan­seuses qui les entourent cha­cun son tour d’un lacet élas­tique. Il s’agit d’une mater­nité, d’amours impos­sibles, de gran­deurs inoc­cu­pées, qui sont thé­ma­ti­sées de façon sans cesse hyper­bo­lique par des acteurs tan­tôt habi­tés, tan­tôt dis­tants. Des pro­fé­ra­tions théo­riques, des incan­ta­tions d’inspiration nietz­schéenne.
L’ensemble reven­dique une radi­ca­lité slave : une expres­sion pathé­tique de la patho­lo­gie, dont il est dif­fi­cile de se dire édi­fié, en dépit de l’intérêt sou­vent fas­ci­na­toire qu’on prend à la repré­sen­ta­tion. Entre légè­reté d’intentions iro­niques et gra­vité des mani­fes­ta­tions décla­ma­toires, le pro­pos se nour­rit de sa propre ambi­va­lence, ris­quant tou­jours de se pétri­fier en confé­rant un sta­tut sérieux à l’auto-dérision.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot

Matka

d’après Sta­nis­law Ignacy Witkiewicz

adap­ta­tion, mise en en scène et cho­ré­gra­phie d’
Eli­za­beth Czerczuk

© Mathieu Génon

avec Léa Bria­da­rolli, Eli­za­beth Czerc­zuk, Auré­lie Gas­cuel, Valen­tina Gon­zales Sal­gado, Yann Lemo, Özge Pelin Tüfekçi, Jean-Philippe Rober­tella, Zbi­gniew Rola, Déaky Szan­dra, Jes­sie Toesca.

Mise en scène et cho­ré­gra­phie : Eli­za­beth Czerczuk

Scé­no­gra­phie : Joseph Kruzel

Cos­tumes : Joanna Jasko-Sroka

Décors : Damien Chutaux

Musique ori­gi­nale : orchestre com­posé de Tho­mas Ostro­wie­cki, Karine Huet et Ane Darieu.

Régie son, Lumières : Tsi­resy Begana, Lucas Crouxi­noux, Emma­nuelle Stauble

Au Théâtre Eli­za­beth Czerc­zuk, 20 rue Mar­sou­lan, 75012 Paris

01 84 83 08 80(10h-18h) contact@theatreelizabethczerczuk.fr

Du 8 mars 2018 au 14 avril 2018

Les jeu­dis, ven­dre­dis, same­dis à 20h30.

Relâche les 29, 30, 31 mars 2018.

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